Des brise-vents dans les champs : pourquoi s’en passer?

 

 Crédit photo: Marc Lajoie, MAPAQ

Selon vous, quels avantages y a-t-il à planter des haies brise-vent? Bien sûr, cela réduit les coûts de chauffage (jusqu'à 15 %)* et de climatisation? Mais aussi, les brise-vents augmentent le rendement des cultures, constituent une source de revenus supplémentaires, favorisent la biodiversité, limitent l’érosion éolienne, dirigent l’accumulation de neige, captent du carbone, donnent de l’ombrage aux animaux en pâturage et diminuent les odeurs provenant des bâtiments d’élevage. Les brise-vents ont aussi des effets avantageux sur le bilan de l’utilisation des pesticides et en ce qui regarde la qualité des fourrages. Enfin, ils contribuent à la beauté du paysage et à l’harmonie entre les producteurs agricoles et les autres habitants de la campagne.

D’abord, contrairement à certaines croyances, implanter des haies brise-vents dans les champs diminue les attaques des ravageurs de cultures. Bon nombre d’espèces de prédateurs et de parasitoïdes naturels ont besoin de l’abri fourni par les arbres et les arbustes composant les brise-vents. Ainsi, dans les espaces bordés de haies brise-vent, il y aura plus d’insectes bénéfiques et d’auxiliaires et moins d’ennemis des cultures. En général, les premières espèces à venir s’y installer sont les araignées. Suivent les insectes prédateurs de ravageurs, les musaraignes, les condylures étoilés (taupes), les crapauds et les grenouilles. S’ajoutent par la suite les petits passereaux insectivores des champs et des lisières forestières. Environ une décennie plus tard, les grands rapaces, tels le grand-duc d’Amérique et le busard Saint-Martin, de même que les belettes, les hermines, les chauves-souris, les renards roux et les visons viennent compléter la chaine alimentaire pour se repaître d’une multitude de petits rongeurs.

Il devient d’autant plus important de favoriser la mise en place d’un tel système agroforestier que les changements climatiques et les nouveaux ravageurs exotiques exercent sur les cultures des pressions sans précédent, sans oublier que l’effet direct du réchauffement global favorise l’arrivée de ces nouveaux fléaux (par exemple, l’arrivée du puceron du soya, de la chrysomèle des racines du maïs, etc.).

Pour ce qui est de l’amélioration des fourrages, de nouvelles études indiquent que les brise-vents ont des retombées très positives sur les cultures. Entre autres choses, ils offrent une protection contre le vent, de sorte que le feuillage des plantes fourragères touche moins le sol détrempé, se souille également moins et fait davantage de photosynthèse; il se révèle aussi plus vigoureux (il y a moins de problèmes phytopathologiques) et se révèle donc plus appétant pour le bétail. En outre, les champs de fourrages situés près des brise-vents sont moins soumis au stress hydrique. À ce propos, il est faux de croire que les arbres sont en concurrence avec les plantes ou les cultures pour l’approvisionnement en eau ou pour les nutriments disponibles, car les racines des arbres, sauf exception, puisent l’eau et prennent les nutriments plus profondément dans le sol. D’ailleurs, à l’automne, l’accumulation de feuilles mortes améliore la santé des sols et apporte des nutriments à la surface.

Vous avez peut-être quelque regret d’avoir des champs sans haies brise-vent? Sachez qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. En effet, les producteurs agricoles peuvent bénéficier, pour ces aménagements, d’une aide financière par l’entremise du programme Prime-Vert.

*Source : André Vézina, Les haies brise-vent et la protection des bâtiments d’élevage, Institut de technologie agroalimentaire, campus de La Pocatière, mars 2005, 49 pages.

Nicolas Tanguay, technicien agricole

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Dernière mise à jour : 2015-03-06

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