Un avenir doré pour le seigle hybride?

Le seigle d’automne représente une culture dont la superficie est en constante régression depuis les années 1920. La communauté agricole préfère de loin le blé d’automne, qui bénéficie d’un plus grand nombre d’améliorations génétiques et qui est davantage en demande sur les marchés. Toutefois, les choses pourraient changer prochainement.

Les avantages de la culture du seigle d’automne dans les rotations sont toutefois non négligeables. Comme pour les autres céréales d’automne, cette culture offre une protection contre l’érosion durant l’hiver et la possibilité de l’établissement de cultures de couverture à la suite du battage. Elle permet également un épandage de fumier ou de lisier durant une période qui minimise la compaction. Le seigle d’automne offre la meilleure survie hivernale comparativement aux autres céréales d’automne, permettant une culture dans les zones moins enneigées.

Les céréales à paille, dont le seigle, l’avoine, le blé et l’orge, sont pour la plupart autogames, c’est-à-dire que les fleurs contenues dans les épis se fécondent elles-mêmes. Le transfert de pollen entre les plants est très faible, voire inexistant. En d’autres mots, les variétés de céréales à paille sur le marché sont consanguines, ce qui limite les rendements. Lorsqu’on croise deux variétés, on obtient un hybride qui possède une vigueur accrue et un potentiel de rendement plus élevé. Dans la culture du maïs-grain, qui a une morphologie différente, l’utilisation d’hybrides est la norme depuis le milieu du 20e siècle.

Contrairement au maïs-grain, le développement de céréales à paille hybrides est un défi technique auquel des phytogénéticiens travaillent depuis plus de cent ans, sans toutefois avoir obtenu de résultats commerciaux notables avant 2015. L’objectif était de développer une méthode rentable de production de semences et d’effectuer des croisements à grande échelle de variétés de céréales, pour ainsi produire des semences dont la vigueur hybride montrerait un meilleur rendement.

En 2015, deux hybrides de seigle d’automne ont été enregistrés pour la commercialisation au Canada. Certains croient que l’arrivée sur le marché de seigle d’automne hybride stimulera la culture de cette céréale.

Pourquoi la culture de seigle d’automne hybride est-elle si emballante? La réponse à cette question est simple : une augmentation du rendement et de la qualité.

En effet, des essais effectués en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Pennsylvanie et dans l’État de New York ont montré des augmentations de rendement de l’ordre de 15 à 30 %. Ces essais ont également révélé que l’indice de chute, un indicateur des qualités boulangères des céréales panifiables, est considérablement plus élevé dans les hybrides que dans les variétés conventionnelles. Plus un indice est élevé, plus le pain est de qualité supérieure et moins il est friable.

Une équipe de spécialistes du MAPAQ a participé à l’évaluation de seigle d’automne hybride en Mauricie et au Centre-du-Québec. Semées en 2014 et récoltées en août 2015, nos parcelles ont démontré des résultats allant dans le même sens qu’ailleurs en Amérique du Nord.

Il est donc permis de penser qu’avec la baisse des coûts de production due aux rendements plus élevés et en raison de meilleurs indices de chute, le seigle hybride pourrait raviver l’intérêt des transformateurs, notamment les boulangers. Les producteurs et toute l’industrie alimentaire pourraient alors bénéficier de son arrivée sur le marché.

 

Bruce Gélinas, agr., M. Sc.
Direction régionale de la Mauricie
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Date de diffusion: 2016-04-05

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Dernière mise à jour : 2016-04-06

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