Le petit coléoptère de la ruche (PCR) est considéré́ comme une maladie parasitaire désignée en vertu du Règlement sur la désignation de maladies contagieuses ou parasitaires, agents infectieux ou syndromes affectant les abeilles. En conséquence, tout propriétaire d’abeilles a l’obligation d’informer le MAPAQ de la découverte ou d’une suspicion de la présence du PCR dans ses colonies. Pour effectuer un signalement, il faut appeler le 1 844 ANIMAUX ou écrire à
animaux@mapaq.gouv.qc.ca.
Description de l'insecte
Æthina tumida est un insecte de la famille des coléoptères originaire d'Afrique du Sud. C'est un insecte ravageur des colonies d'abeilles mellifères qui vit dans la ruche aux stades larvaire et adulte. Les adultes se nourrissent principalement de pollen, de miel et d'oeufs d'abeilles. Ils peuvent également se nourrir à partir d’autres sources alimentaires telles que des fruits. La femelle pond des oeufs qu'elle dépose dans la ruche et les larves s'y développent. Les femelles peuvent pondre 1 000 oeufs au cours de leur vie.
La dispersion d’Æthina tumida peut être favorisée par le déplacement des colonies ou du matériel apicole. Cependant, ce ravageur peut aussi voler sur de grandes distances (au-delà de 10 kilomètres) et étendre son aire de dispersion. Les adultes voyagent aussi avec des essaims d’abeilles. Ils peuvent vivre au moins six mois et ils sont capables de survivre à l’hiver québécois, lorsqu’ils sont protégés par la grappe d’abeilles.
Le PCR est considéré comme un ravageur gérable que les apiculteurs peuvent contrôler dans la plupart des circonstances. Cependant, il peut entraîner la détérioration du miel et de la cire, et des infestations graves peuvent causer l’effondrement des colonies déjà affaiblies. Bien que les dommages économiques soient souvent limités, il s’agit d’un ennemi de plus que les apiculteurs doivent maîtriser. Cette situation a une incidence sur le temps qui est consacré à la production.
L’infestation par
Æthina tumida est une maladie à notification immédiate, selon la réglementation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). La présence du ravageur doit donc être déclarée sans délai aux autorités sanitaires fédérales.
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Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ |
Stade adulte
- Environ le tiers de la taille d’une abeille (de 5,5 à 5,7mm)
- Antennes en forme de massues
- Couleur de brun clair à noir
- Côtés du thorax pointus dans sa partie la plus large
- Abdomen dépassant les élytres (ailes)
Stade larvaire
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James D. Ellis, University of Florida;
Jessica Lawrence, Eurofins Agroscience Services; Pest and Diseases Image Library
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- Jusqu’à 1,2 cm à maturité
- Trois paires de pattes antérieures
- Deux rangées d’épines sur le dos
- Couleur blanc crème ou blanc-beige
- Tête brun-orangé avec de courtes antennes
Au stade larvaire, le PCR ressemble à la larve de la fausse teigne. Cependant, cette dernière n’a pas d’épine et a des pattes sur toute la longueur du corps. En outre, la larve du PCR est plus petite.
Dommages causés par le PCR
L’effet nuisible d’
Æthina tumida dans la colonie se manifeste principalement au stade larvaire de l’insecte. Les ruches où les abeilles sont peu nombreuses sont les plus à risque d'être infestées. Les ruches orphelines, bourdonneuses ou faibles, les nucléi et les ruchettes de fécondation sont donc les plus vulnérables.
Les larves de PCR se nourrissent des rayons de couvain, de miel, de pollen et d’oeufs d’abeilles. Elles creusent des tunnels dans les rayons et, en se déplaçant, provoquent l’écoulement du miel (tant dans la ruche que dans la miellerie).
Les adultes se nourrissent de pollen, de miel et d’oeufs d’abeilles.
Les larves causent la fermentation du miel. Ce dernier dégage alors une odeur d’orange pourrie et devient impropre à la consommation humaine.
Les abeilles peuvent abandonner la ruche si elle est trop ravagée, ce qui permet au coléoptère de se reproduire et de se propager librement et très rapidement, vu l’abondance de ressources à sa disposition.
Surveillance et inspection
Les apiculteurs doivent inspecter régulièrement leurs ruches et être en mesure de reconnaître tous les stades de développement du PCR. Compte tenu des effets nuisibles de ce nouveau ravageur sur la santé des colonies d’abeilles au Québec, il importe de déceler rapidement toute nouvelle infestation. Une attention particulière doit être apportée aux ruches faibles du rucher, qui doivent être inspectées en priorité. Une ruche est considérée comme faible quand le nombre d’abeilles est insuffisant pour couvrir tous les cadres de couvain et de nourriture.
Le PCR adulte fuit la lumière, il a donc tendance à se nicher dans les endroits sombres de la ruche de même que dans les endroits peu accessibles ou peu fréquentés par les abeilles. On le verra donc surtout :
- à l’arrière du plancher de la ruche
- sur le dessus des cadres ou sous l’entre-couvercle
- sous les galettes de pollen (pâté de pollen)
- sur la surface ou aux extrémités des cadres de rive
- entre le couvercle et l’entre-couvercle
- dans les recoins ou les anfractuosités de la ruche.
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Larves de PCR sur un cadre James D. Ellis, University of Florida; Jessica Lawrence, Eurofins Agroscience Services; Pest and Diseases Image Library |
PCR adultes sur un cadre James D. Ellis, University of Florida; Jessica Lawrence, Eurofins Agroscience Services; Pest and Diseases Image Library |
Voici quelques techniques d’inspection ou de dépistage faciles à mettre en oeuvre :
- Un bon moment pour trouver des PCR est à l’ouverture de la ruche. Il faut éviter de trop manipuler la ruche avant de l’ouvrir et regarder très rapidement sous le couvercle au moment de l’ouverture de la ruche (idéalement par une deuxième personne qui ne fait que regarder au moment de l’ouverture). Il faut ensuite regarder sous l’entre-couvercle de la même façon
- Posez le couvercle de la ruche à l’envers au sol. Retirez l’entre-couvercle, puis placez une hausse sur le couvercle et attendez au moins une minute, soit le temps nécessaire pour que les coléoptères s’y réfugient pour fuir la lumière. Retirez rapidement la hausse et observez le fond du couvercle. Répétez l’opération pour chacune des hausses de la ruche
- Pour ce qui est des ruches qui n’ont qu’une ou deux hausses, il est possible de les faire basculer pendant qu’une deuxième personne examine le plancher de la ruche
- Examinez les cadres un par un, si aucune des techniques précédentes n’a donné de résultat
- Il existe différents types de pièges sur le marché qui peuvent être utilisés autant pour le dépistage et la surveillance que pour le contrôle des populations de PCR. Les pièges de type « Beetle Bee Gone » sont utilisés depuis quelques années et donnent de bons résultats. Ils sont à la fois abordables et simples d'utilisation. Il s’agit d’une feuille de microfibres que les abeilles chiffonnent, en créant ainsi une lingette dans laquelle les pattes des PCR restent accrochées. Les pièges doivent être placés directement sur le dessus des cadres et laissés en place une dizaine de jours. Le guide
Bonnes pratiques pour la prévention et le contrôle du petit coléoptère de la ruche fournit plus d’information sur les autres types de pièges.
Prévention et traitement
La meilleure stratégie à adopter pour prévenir le risque d’introduction du PCR au Québec est d’éviter au maximum les situations jugées à risque, comme les suivantes :
Un seul traitement (pesticide) est présentement homologué au Canada pour le dépistage et la suppression de ce ravageur, à savoir : CheckMite+ (coumaphos). Ce produit ne peut garantir l’éradication de l’insecte dans les colonies, mais peut aider à diminuer les populations d’
Æthina tumida. L’apiculteur doit donc rester vigilant, tout comme il doit bien s’informer avant d’utiliser ce produit à cette fin.
Mesures à adopter au rucher
Mesures à adopter à la miellerie
- Garder la miellerie propre. Extraire rapidement les hausses à miel et ne pas les laisser plus de deux ou trois jours dans une salle chaude.
- Assurer une bonne ventilation et maintenir un taux d’humidité inférieur à 50 % dans le local où sont entreposées les hausses à miel, avant l’extraction du miel, de même que dans les lieux où seront déposés les cadres et d’autre matériel, une fois l’extraction terminée.
- Récupérer la cire d’opercule rapidement.
- Congeler les cadres à –12 °C pendant 24 heures ou les garder dans une chambre froide (à une température de 1 à 9 °C) pendant 8 jours de façon à détruire les adultes et les larves.
- Placer une lampe ultraviolette (UV) d’une longueur d’onde de 390nm sur le plancher de la miellerie pour attirer les larves matures et les coléoptères adultes qui pourront alors être récoltés et détruits (par congélation ou avec de l’eau savonneuse par exemple).
Voir aussi