Une nouvelle ligne souterraine à courant continu d’ici 2025 dans le sud de la Montérégie

Par Mélissa Normadin, conseillère en aménagement et développement rural, de la Direction régionale de la Montérégie du MAPAQ​

​La ligne d'interconnexion Hertel-New York est un projet d'envergure qui servira à alimenter la ville de ​New York en hydroélectricité. Dans la portion québécoise du projet, cette ligne d'une tension de 400 kV sera d'une longueur de 57,7 km, soit 56,1 km de ligne souterraine et 1,6 km de ligne sous-marine. Elle reliera le poste Hertel, situé à La Prairie, à un point d'interconnexion dans la rivière Richelieu. La mise en service est prévue pour le mois de décembre 2025.

D'ici au premier coup de pelle planifié au printemps 2023, le promoteur du projet, Hydro-Québec, traversera les différentes étapes du processus d'évaluation environnementale. Il devra également obtenir les autorisations pour usages non agricoles auprès de la Commission de protection du territoire agricole du Québec.  

Le projet est déjà autorisé aux États-Unis. Le promoteur de la portion américaine, Transmission Developers Inc., aura pour mandat de construire la ligne souterraine et sous-marine sur une distance d'environ 545 km. 

Prochaines étapes et acteurs concernés

Le projet d'Hydro-Québec est soumis à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement, selon l'article 31.3 de la Loi sur la qualité de l'environnement (chapitre Q-2). La société d'État a remis au ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) une étude d'impact de plus de 2 600 pages. Tous les ministères et organismes concernés, dont la Direction régionale de la Montérégie du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), ont procédé à l'analyse de recevabilité en acheminant leurs questions sur le projet au MELCC, qui est responsable de la coordination des différentes étapes. Au moment d'écrire ces lignes, nous attendons les réponses du promoteur à nos avis respectifs. Lorsque l'étude d'impact est jugée recevable, la participation publique est enclenchée. Rappelons ici que dès la phase d'avant-projet, Hydro-Québec a un programme de participation du public ayant pour objectif de bien informer et de consulter la population ainsi que les divers acteurs régionaux.

S'il y a une demande de mandat à la suite du processus de consultation du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), auquel le projet doit être soumis, les personnes ou les groupes concernés seront invités à déposer des mémoires présentant leur position. Le BAPE formulera ses recommandations, et les ministères et organismes détermineront, en parallèle, les conditions de réalisation dans les avis d'acceptabilité environnementale du projet (ex. : programme de surveillance et de suivi environnemental). Ultimement, c'est au Conseil des ministres que reviendra la responsabilité de prendre la décision et d'édicter, le cas échéant, les conditions rattachées au projet, par voie de décret.

Aperçu des impacts sur le territoire et les activités agricoles

La majeure partie du tracé de la ligne passera dans les emprises de routes provinciales et municipales (29 km) ainsi que dans celles de l'autoroute 15 (24 km), pour la plupart situées en zone agricole, mais sans empiètement permanent sur des terres cultivées. La canalisation souterraine traversera environ 2 km de terres en production et y demeurera pour un minimum de 50 ans, soit la durée d'exploitation prévue.

À la base du projet, il y aura l'installation d'un convertisseur pour transformer le courant alternatif en courant continu. Le parcours de la ligne souterraine débutera au poste Hertel en suivant l'emprise d'une ligne aérienne qui passe sur des terres agricoles appartenant en quasi-totalité au promoteur, mais louées à des fins agricoles.

La ligne projetée empruntera ensuite divers rangs dans les municipalités de Saint-Philippe et de Saint-Jacques-le-Mineur, avant de rejoindre l'autoroute 15 au kilomètre 29. Elle suivra l'autoroute 15 jusqu'au kilomètre 6, à la hauteur de la route 202 à Saint-Bernard-de-Lacolle. Elle terminera son parcours principalement le long de deux rangs (Saint-Georges et Edgerton), avant d'entrer en terre cultivée, le long du ruisseau Fairbanks, pour rejoindre la rivière Richelieu jusqu'à la frontière.

Les impacts temporaires seront liés, entre autres choses, aux travaux d'excavation et de forage (ex. : traverse des cours d'eau) pour l'enfouissement de la ligne. Le recours au forage dirigé est prévu en particulier dans la zone d'atterrage, que l'on désigne comme le secteur de transition de la ligne souterraine vers la ligne sous-marine. Une gestion particulière des facteurs de risque sera assurée dans ce secteur afin d'éviter des conséquences sur l'environnement (ex. : fracture hydraulique due aux boues de forage sous pression). 

Pour la construction de la ligne, une zone d'intervention de 16 mètres de largeur est prévue temporairement de part et d'autre de la canalisation souterraine en milieu agricole. Ces aires de travail servant à la circulation de diverses machineries de chantier et à l'empilement des déblais pourraient toucher jusqu'à 35 hectares de terres agricoles. 

Des problèmes « typiques » de bris de drains et de compaction des sols seront probables, sans oublier les inconvénients liés au bruit (ex. : ferme d'élevage à proximité), à la gestion de la circulation et à l'interruption temporaire de la culture sur les terres agricoles affectées par les travaux.

Selon les informations présentées dans l'étude d'impact, le nombre de lots cultivés concernés serait de 7 à 10, et les propriétaires demeureront propriétaires du fonds de terrain, bien qu'une servitude permanente de 4 mètres serait applicable. Les propriétaires agricoles peuvent compter sur l'Entente sur le passage des lignes de transport en milieux agricole et forestier, établie entre le promoteur et L'Union des producteurs agricoles (2014), notamment en ce qui concerne les modes de compensation et la désignation d'un représentant de l'UPA au chantier (RUPAC) durant la construction.

Le promoteur respecte ses responsabilités en présentant ces différents impacts et en proposant une série de mesures qui visent à atténuer les effets sur le milieu agricole. Le rôle du MAPAQ, dès la première sollicitation par le MELCC, est de s'assurer que les modalités d'application de ces mesures sont suffisantes et bien comprises par les parties, en adressant des questions au promoteur.

Les attentes agricoles : surveillance et suivis rigoureux

Comme il est indiqué dans notre avis de recevabilité, nous sommes conscients des délais serrés du projet, dont le début des travaux, rappelons-le, est prévu au printemps 2023. Nous avons d'ailleurs déjà mentionné la majorité de nos attentes, dont voici une liste non exhaustive :

Avant le début des travaux, nous souhaitons le dépôt d'un protocole de caractérisation de l'état initial des sols. Les expériences passées, notamment avec le suivi de projets éoliens en Montérégie, nous montrent qu'il s'agit d'une étape primordiale pour bien appliquer le programme de suivi des sols (post-construction), car nous posséderons notamment les informations sur l'état structural et chimique des sols avant les travaux. 

Pendant les travaux, nous demandons la présence de professionnels accrédités (ex. : un agronome) pour s'assurer que les mesures d'atténuation sur le milieu agricole durant les périodes de construction et de rétablissement des sols agricoles (remise en état) sont bien appliquées (ex. : surveillance de mesures préventives pour éviter la compaction en profondeur).

Ces professionnels devront remettre des rapports de suivi concernant les deux étapes susmentionnées afin que nous puissions bien comprendre les conditions de terrain à l'endroit où ont été réalisées la construction et la remise en état des lieux. Ultimement, ces informations nous aideront à bien commenter l'élaboration et l'application du protocole de suivi des sols suivant la mise en exploitation.

À l'instar des exigences pour d'autres projets d'infrastructures d'énergie en zone agricole, nous demanderons un suivi agronomique sur sept ans suivant la mise en exploitation. Ce suivi concernera notamment toutes les superficies affectées par le projet afin d'assurer que les rendements des surfaces touchées (ex. : aires de travail temporaires en distinguant celles du forage — trajectoire de la canalisation) ne soient pas inférieurs à ceux des surfaces adjacentes (non touchées par les travaux).

Pour en savoir plus sur la gestion des autres répercussions (sur les milieux humides, les traverses de cours d'eau, les habitats des poissons, le paysage, etc.) et vous inscrire à l'infolettre du projet, visitez le site Web d'Hydro-Québec : ​Ligne d'interconnexion Hertel-New York.


 
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Dernière mise à jour : 2022-06-13

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