Deux producteurs des Hautes-Laurentides font actuellement l’essai du triticale d’automne dans des conditions d’exploitation biologique, en vue de diversifier la culture de céréales et d’atteindre de nouveaux marchés. En dépit d’un printemps difficile et d’un été sec, deux des trois variétés à l’essai ont donné des résultats intéressants.

Triticale d’automne à l’essai

Dans le contexte d’un projet subventionné par le MAPAQ, ces deux producteurs de la Coopérative BioGrain des Hautes-Laurentides ont semé trois cultivars de triticale d’automne selon le mode biologique sur deux emplacements. Les trois variétés à l’essai étaient le « Metzer », le « Pk » et le « Bobcat ». Le semis des deux parcelles s’est effectué les 10 et 15 septembre 2018. D’autres semis sont prévus pour le mois de septembre 2019, pour une deuxième année d’expérimentation.

Les résultats préliminaires de la première année d’essai inspirent de l’optimisme malgré les conditions climatiques qui étaient défavorables. En effet, la levée à l’automne s’est très bien déroulée, avec très peu de manque dans une des parcelles. À la fonte des neiges au printemps dernier, il y a eu beaucoup de pertes en lien avec la moisissure nivéale, en raison des conditions printanières défavorables engendrées par des températures sous la normale et des précipitations fréquentes, ce qui a nui à l’assèchement. Ces conditions ont eu pour effet de réduire la quantité de plants au mètre carré. Toutefois, puisqu’on a démarré la culture plus rapidement au printemps, le triticale d’automne n’a pas subi une trop forte compétition des mauvaises herbes.

Les rendements de la première année d’essai, présentés dans le tableau ci-dessous, permettent de constater qu’il est préférable d’attendre une deuxième année avant de statuer sur l’opportunité de se livrer à cette culture dans les Hautes-Laurentides. Néanmoins, ces résultats laissent voir que la culture du triticale est possible si l’on ajuste quelques éléments de la gestion de culture.

Le triticale d’automne, qu’est-ce que c’est?

Le triticale d’automne est une espèce qui a été créée il y a 130 ans à la suite d’un croisement entre le blé dur et le seigle. On l'utilise au Canada depuis 1954. Elle comporte une vaste étendue d’utilisations possibles, comme dans l’alimentation porcine ou celle des poulets à griller. Elle peut aussi être mise à profit dans l’alimentation humaine sous la forme de farines multigrains. Il y a en outre d’autres créneaux à exploiter, qui représentent autant de marchés potentiels, telle l’utilisation comme plante fourragère dans l’alimentation des troupeaux laitiers et des bovins de boucherie.

En tant que céréale d’automne, le triticale présente plusieurs avantages agronomiques liés au fait qu’il est déjà établi à l’arrivée du printemps. Comme il amorce sa croissance tôt en saison, il a une longueur d’avance notable sur les mauvaises herbes. Il profite aussi d’une meilleure disponibilité de l’eau, puisqu’au printemps la réserve d’eau provenant de la fonte des neiges est importante. Enfin, de façon générale, la céréale d’automne est moins atteinte par la fusariose que la céréale de printemps.

Jacques Gagnon, agronome
Conseiller en grandes cultures
Direction régionale des Laurentides