​​Bien choisir ses mélanges fourragers pour prairies​

Carolyne Bouffard, agronome 

Conseillère régionale en agroenvironnement

L’implantation des prairies était le sujet à l’honneur lors des journées d’information au champ tenues en octobre dernier. La conseillère invitée était Mme France Bélanger, agronome au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation en Chaudière-Appalaches. Elle a présenté les meilleures pratiques favorisant l’implantation des prairies. Les notions discutées me semblaient tellement importantes que j’ai voulu les partager avec le plus grand nombre.

Faire preuve de prudence au moment d’acheter un mélange fourrager​

Lorsque vient le temps d’acheter un mélange fourrager, on a parfois tendance à choisir des mélanges de composition complexe. Cependant, est-ce justifié? Il peut apparaître sécurisant d’obtenir un éventail de plantes qui tolèrent des conditions variées. On se donne ainsi l’assurance qu’au moins une plante poussera partout. Toutefois, cette technique a des limites. Elle nous amène à associer des plantes très compétitives à des plantes qui le sont moins. Cela occasionne une faible implantation ou la disparition de plantes privilégiées au bénéfice de plantes moins intéressantes.​

Photo : Carolyne Bouffard, MAPAQ



Choisir la luzerne ou le trèfle, mais pas les deux

​​
Photo : Carolyne Bouffard, MAPAQ
De façon générale, choisissez une seule légumineuse. Évaluez laquelle est la mieux adaptée à vos champs. Considérez l’égouttement, la fertilité et le pH des sols. Il est déconseillé de mélanger la luzerne et le trèfle rouge. Le trèfle rouge, qui a une vitesse d’implantation très rapide, risque d’étouffer la luzerne. Lorsque l’implantation de la luzerne est incertaine ou que le champ n’est pas uniforme, il est suggéré de planifier un sursemis de trèfle rouge dans les parties du champ où la luzerne ne s’est pas bien implantée​. Cette pratique est plus efficace que l’implantation d’un mélange de trèfle et de luzerne. Le sursemis peut constituer une solution de rechange intéressante pour mettre à profit la complémentarité des différentes plantes fourragères. Il ne faut toutefois pas tout semer en même temps, car les espèces qui s’établissent le plus rapidement ou qui sont les plus compétitives seront favorisées.​ 

Choisir des mélanges fourragers sans pâturin des prés

  ​Photo : Carolyne Bouffard, MAPAQ

Oubliez les mélanges composés de pâturin des prés, même en très faible pourcentage. Tout d’abord, la semence est légère : on retrouve
4 800 000 graines en moyenne par kilogramme de semence. De plus, les graines du pâturin des prés peuvent germer plus tard et occuper l’espace des plantes qui n’ont pas persisté. Ce dernier élément peut s’avérer très négatif. Le pâturin est discret lors de la première année. Toutefois, à partir de la troisième année, il devient plus dense, ses rhizomes compétitionnent avec toutes les plantes. Il peut finir par prendre toute la place. Les rendements du pâturin, même avec une fertilisation azotée, sont faibles, et sa présence entraîne une diminution des rendements à partir de la troisième année. Il s’agit donc d’une plante à proscrire dans ce contexte.​

Utiliser la plante-abri, mais avec modération

La plante-abri est généralement une graminée annuelle. Le temps que les plantes fourragères s’implantent, elle concurrence les mauvaises herbes, limite l’érosion et conserve l’humidité du sol. La récolte de la plante-abri en fourrage (plutôt qu’​en grain) présente plusieurs avantages. Il est moins pressant de semer au printemps. Il est possible de semer en sol plus réchauffé. Cela favorise la germination des plantes fourragères et leur croissance automnale. Toutefois, la plante-abri doit être semée à dose réduite, car on ne veut pas qu’elle entre en compétition avec notre mélange fourrager. Prenons l’exemple de l’avoine qui est la plante-abri la plus largement répandue dans la région. Un maximum de 70 à 80 kilogrammes par hectare est suggéré.

En conclusion, les semis de plantes fourragères sont les plus difficiles à réussir. Pour bien faire, intéressez-vous d’abord au choix des mélanges et au taux de semis. N’hésitez pas à en discuter avec vos conseillers ou à consulter le guide de production Plantes fourragères publié en novembre 2022 par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec.​ ​
 
Ne pas remplir ce champs

Dernière mise à jour : 2022-12-14

Menu de bas de page

Aller au Portail du gouvernement du Québec
© Gouvernement du Québec, 2024