​La gestion régénératrice des pâturages​

​Carolyne Bouffard, agronome

Conseillère en agroenvironnement


Connaissez-vous l'ouvrage Drawdown : comment inverser le cours du réchauffement planétaire [1]? Il y est question du projet Drawdown, terme qui désigne ce point de bascule à partir duquel la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, après avoir atteint un sommet, se met à diminuer d'une année à l'autre. Dans cet ouvrage, l'auteur Paul Hawken et 70 chercheurs experts de leur domaine d'activité proposent 100 solutions concrètes pour renverser le réchauffement climatique, dont 17 touchent le secteur agroalimentaire. Attardons-nous à la 19e de ces 100 solutions : elle concerne la gestion du pâturage.

Tout pâturage a le potentiel de créer un environnement riche en carbone. Pour ce faire, il faut reproduire le comportement des animaux migrateurs qui consomment les fourrages, piétinent le sol, mélangent l'urine et les déjections avec le sol, puis poursuivent leur chemin avant de revenir l'année suivante.

Alors que l'approche agronomique traditionnelle se concentre sur les plantes – les variétés utilisées, la fertilisation, etc. –, bon nombre de chercheurs s'intéressent à une approche plus holistique de la gestion des pâturages, qui tient compte davantage de l'interaction entre les animaux et les plantes.

Le surpâturage, qui contribue largement à la dégradation des sols, nous a longtemps laissé croire qu'il fallait réduire les cheptels de ruminants. Or, on mesure aujourd'hui les effets du sous-pâturage, lequel mène également à la dégradation des sols! Il s'agit donc d'une recherche d'équilibre dans les interactions entre les bêtes et l'herbe.

Voici les trois techniques fondamentales mises en évidence par le projet Drawdown, de la moins exigeante à la plus intensive :​

  1. Le pâturage en continu (suivant une densité animale appropriée et en évitant le surpâturage);
  2. Le pâturage en rotation;
  3. Le pâturage évolutif par parcelle (équivalent au pâturage en bande).

Les répercussions de ces pratiques sur la séquestration du carbone varient considérablement selon le climat, les types de sols, les variétés de graminées, etc. De façon générale, plus la pâture est rapide et intense et plus les périodes de récupération sont longues, plus les résultats semblent s'améliorer. Toutefois, étant donné que 70 % des terres agricoles de la planète sont destinées au pacage, même une mince amélioration de la séquestration du carbone peut avoir des retombées importantes si elle se répète à l'échelle planétaire.

À la lecture de l'ouvrage, j'ai reconnu les pratiques agricoles adoptées dans de nombreuses entreprises bovines de la région. Ainsi peut-on constater que les producteurs agricoles de la région sont dans la bonne voie et qu'ils apportent une contribution positive quant à la séquestration du carbone dans l'agriculture. Des expériences se poursuivant un peu partout dans le monde révèlent qu'on peut amender les techniques et méthodes de gestion des pâturages pour améliorer la santé de nos sols et la productivité des pâtures, et ce, en imitant la nature!

[1]. Paul Hawken, Drawdown : comment inverser le cours du réchauffement planétaire, Éditions Actes Sud, 2018, 575 pages.​

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Dernière mise à jour : 2019-12-17

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