​La compaction des sols agricoles​​​

​Émile Grimard-Spalding

Étudiant en génie agroenvironnemental, Université Laval


Carolyne Bouffard, agronome

Conseillère régionale en agroenvironnement


Mathieu Laplante, agronome

Conseiller régional en relève

La compaction des sols constitue un problème notable en agriculture. Elle est un bon indicateur de la santé des sols et elle a un impact indéniable sur la productivité des champs. Il est donc important de bien comprendre les différentes formes que la compaction peut prendre afin d’essayer de la limiter.

La machinerie et les passages répétés engendrent la compaction. Ce phénomène est accentué lorsqu’on doit effectuer des travaux en conditions d’humidité élevée. De manière générale, lorsqu’un sol est compacté, sa densité apparente augmente, alors que sa porosité diminue. Dans ces conditions, il n’est pas possible de tirer le maximum de rendement des cultures implantées.​

Les trois types de compaction que l’on distingue sont les suivants : la compaction en surface (à moins de 20 ​cm), la compaction en profondeur (à partir d’environ 30 cm) et la semelle de labour. Nous nous intéresserons ici aux compactions en surface et en profondeur dont les causes sont plus complexes que la semelle de labour, qui, comme son nom l’indique, est causée par le passage de la charrue.
 

En surface

La compaction en surface est principalement engendrée par la pression dans les pneus, qui se mesure en livre par pouce carré ou, en anglais, pound per square inch (PSI). Pour calculer celle-ci, contrôlez la​ pression d’air dans les pneus de votre tracteur et additionnez-y 2 PSI. Vous obtiendrez ainsi la mesure de la pression engendrée par les pneus sur le sol. Une pression de plus de 15 PSI est considérée à risque pour un sol. Il faut donc limiter la pression des pneus à 13 PSI lorsque l’on travaille au champ. Utilisez des pneus qui se déforment. Cela augmente la surface de contact avec le sol, réduit le stress généré par le passage de la machinerie et augmente la traction. Les pneus à construction radiale sont les mieux adaptés pour ce genre de travaux.

Les effets de la compaction en surface sont multiples. Elle ralentit l’infiltration de l’eau, ce qui entraîne plus de ruissellement et, par conséquent, plus d’érosion. Elle nuit aussi à l’émergence des plantules et au développement racinaire des cultures.

Avant d’éliminer la compaction, il est conseillé de déterminer les sources et la profondeur de celle-ci. Il est relativement facile d’éliminer la compaction en surface. Le simple phénomène de gel-dégel peut parfois suffire pour la détruire. Sinon, un travail de sol adapté à la situation peut aider à défaire cette compaction. Toutefois, il est recommandé d’améliorer ses pratiques dans les champs avant de les réparer. Vous éviterez ainsi que le même problème se répète perpétuellement. Pour amoindrir le phénomène, l’idéal est de travailler les sols dans de bonnes conditions et de favoriser l’utilisation de cultures de couverture. Elles produisent des racines vivantes qui sont essentielles à la structure du sol puisqu’elles fournissent aux microorganismes le carbone dont ils ont besoin pour fabriquer de la glomaline, une colle biologique qui aide à la formation d’agrégats stables.

En profondeur

Le poids à l’essieu est souvent la cause de la compaction en profondeur. Les risques de compaction en profondeur augmentent considérablement lorsque le poids à l’essieu dépasse les cinq à sept tonnes métriques. La croyance populaire veut que des roues doubles ou encore des chenilles permettent de limiter la compaction. Or, il n’en est rien. Il n’y a pas de lien entre le fait de ne pas laisser de traces et l’absence de compaction. La seule façon d’éviter la compaction en profondeur demeure la limitation de la charge.
 
Les conséquences d’un sol compacté en profondeur sont une diminution des rendements, un développement racinaire limité et une diminution de l’infiltration de l’eau, ce qui peut entraîner la formation de nappes perchées. La compaction profonde est celle qui est la plus dommageable. Ses effets sur le rendement peuvent se faire ressentir sur plusieurs années si l’on n’essaie pas d’y remédier.

La compaction profonde est plus difficile à défaire que celle en surface. Quelques options s’offrent au producteur. On peut sous-soler de 5 à 10 cm sous la couche compactée. Pour bien la situer, il est recommandé de creuser un profil de sol. Il est possible d’utiliser, en complément au profil de sol, un pénétromètre à percussion (une tige qu’on enfonce dans le sol). Cet appareil permet de confirmer si la profondeur de la couche compacte est homogène. Cependant, le sous-solage n’est pas une opération anodine et ne devrait pas être réalisé régulièrement.​
 
Pour assurer le succès d’une opération de sous-solage, voici un survol de quelques bonnes pratiques :
  • ​Vérifier quelle profondeur est adéquate (5 à 10 cm sous la couche compactée);
  • S’assurer que les conditions sont sèches à la profondeur travaillée;
  • Implanter un mélange de cultures de couverture contenant des légumineuses avant le sous-solage;
  • Calibrer la largeur entre les dents (entre une fois et une fois et demie la profondeur);
  • Laisser un cycle gel-dégel suivant le sous-solage avant de retourner dans le champ;
  • Utiliser des pattes droites;​
  • Commencer le passage dans un fossé ou une tranchée filtrante;
  • Réaliser le passage de la sous-soleuse selon une pente constante.
Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur cette pratique, le guide de Anne Weill, agronome, publié en 2014, est une mine d’information : Comprendre et réussir le sous-solage​.

Enfin, le meilleur moyen d’éviter la compaction est de travailler quand les conditions sont appropriées, c’est-à-dire lorsque le sol n’est pas trop humide. Malgré la météo imprévisible, nous pouvons contrôler certains paramètres qui ont un des effets directs sur la compaction. Les bonnes pratiques ont d’autres avantages : elles augmentent la traction, entraînent une économie de carburant et améliorent la conduite.
 

Des ressources pour éviter la compaction

Pour vous aider à limiter la compaction lors de vos travaux au champ, il existe un site Web qui permet de déterminer le niveau de risque en fonction de la charge à la roue, de la pression de gonflage, de la teneur en argile et de la force de succion du sol.​

Consultez l’outil Web Terranimo Light​.​


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Dernière mise à jour : 2022-12-14

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