​L’amarante tuberculée, sa​uriez-vous la reconnaître?​

​Darquise Froment, agronome​

Conseillère régionale en grandes cultures


L’amarante tuberculée ou Amaranthus tuberculatus est considérée comme l’une des espèces les plus problématiques en grandes cultures. On la trouve le plus souvent dans les cultures de soya, de maïs-grain ou de fourrage. Espèce annuelle présente ailleurs en Amérique du Nord, l’amarante tuberculée est maintenant indigène au Québec. Elle a été détectée pour la première fois en 2017 dans la Montérégie. Depuis, d’autres foyers ont été trouvés au Centre-du-Québec, dans les Laurentides et en Chaudière-Appalaches. Jusqu’à maintenant, aucun foyer n’a été recensé en Abitibi-Témiscamingue.

L’identification et le dépistage de l’amarante tuberculée sont essentiels afin de prévenir la propagation de cette mauvaise herbe. Et pour cause. Cette plante est résistante aux herbicides des groupes 2, 5, 9, 14 et 27. Toutes les populations présentent de la résistance multiple à deux, à trois ou à quatre groupes d’herbicides, majoritairement au groupe 2 (exemples : Pursuit, Classic, Freestyle, Destra, Broadstrike) et au groupe 9 (glyphosate; exemple : Roundup).

Savoir reconnaître l’amarante tuberculée

L’amarante tuberculée est souvent confondue avec d’autres espèces d’amarantes déjà présentes au Québec, telles que l’amarante à racine rouge ou l’amarante de Powell (figure 1).


Figure 1

Caractères permettant de distinguer l'amarante tuberculée des autres espèces d’amarante (A-D) Plant végétatif et inflorescence mâle de l’amarante tuberculée; (B-E) Plant végétatif et inflorescence de l’amarante de Powell ; (C-F) Plant végétatif et inflorescence de l’amarante à racine rouge. Photo A : Peter Smith (U. de Guelph); Photos B, C, D, E et F : LEDP (MAPAQ)​​

L’amarante tuberculée se distingue par les caractéristiques suivantes : des feuilles plus étroites et luisantes (aspect ciré), une tige et des feuilles complètement glabres (sans poils) et une inflorescence moins compacte et comportant plus de branches. En outre, l’amarante tuberculée est la seule amarante au Québec dont les fleurs mâles et femelles se trouvent sur des plantes différentes (plante dioïque). À l’automne, le dépistage de l’amarante tuberculée est facilité par la taille du végétal, qui peut atteindre jusqu’à 2 m de hauteur, dépassant les plants de soya (Figure 2).​

Figure 2​​

À gauche : un plant d’amarante tuberculée. À droite : un foyer d’amarante tuberculée dans lequel certains plants mesurent plus de deux mètres. LEDP (MAPAQ) ​
​​
Un protocole de surveillance des espèces du genre Amaranthus, dont l’amarante tuberculée, est mis en place depuis 2021 pour harmoniser les procédures de biosécurité et les étapes d’identification pour l’ensemble des provinces canadiennes.
 
Le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) offre le service de différenciation des espèces d’amarantes (10 espèces). L’identification et les tests de résistance pour les différentes espèces d’amarantes sont gratuits en 2022 et le seront possiblement en 2023. Les résultats de détection de la résistance des mauvaises herbes aux herbicides sont compilés à des fins de statistiques provinciales. La confidentialité des entreprises agricoles concernées est assurée en tout temps.

Quelques photos peuvent également être envoyées par courriel à l’adresse mauvaiseherbe@mapaq.gouv.qc.ca. Une personne-ressource du LEDP les analysera et répondra au message rapidement. Le service est gratuit.

Réduire sa propagation

L’amarante tuberculée est extrêmement prolifique et compétitive. Elle peut grandir jusqu’à 3 cm par jour. Une seule plante peut produire jusqu’à 1 million de graines (moins de 1 mm) et peut germer en continu du mois de mai jusqu’au mois d’octobre. La fenêtre pour le traitement herbicide est donc très courte. Pour ralentir sa propagation à grande échelle, il faut éviter qu’elle produise des graines.
 
Il faut porter une attention particulière à l’achat de machinerie d’occasion ou lors de l’utilisation de machinerie pour le travail à forfait provenant d’une région contaminée. Les premiers cas d’infestation au Québec semblent liés à l’utilisation d’une moissonneuse-batteuse d’occasion en provenance des États-Unis. Il est donc indiqué de nettoyer adéquatement la machinerie pour éviter la dispersion des graines de mauvaises herbes problématiques. Pour plus de détails à ce sujet, consultez la trousse d’information sur la biosécurité dans le secteur des grains à l’adresse https://tinyurl.com/biosecurite.

L’amarante tuberculée n’est pas une espèce réglementée. Les entreprises affectées par cette mauvaise herbe ne sont pas tenues de déclarer sa présence ni contraintes de respecter des mesures telles que la quarantaine. Cependant, il est important de poser les actions nécessaires le plus rapidement possible pour assurer son contrôle. Il est souhaitable que votre conseiller agricole et les intervenants appropriés (MAPAQ, Coordination services-conseils et ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs) en soient informés pour favoriser des initiatives concertées et mettre en place des programmes d’aide.

D’ailleurs, un plan de lutte contre l’amarante tuberculée a été mis en place en 2020 pour une durée de quatre ans. Les entreprises agricoles aux prises avec l’amarante tuberculée peuvent profiter d’un soutien agronomique et financier. Pour plus d’information, visitez le site www.amarantetuberculee.ca.
 

Références​


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Dernière mise à jour : 2022-12-14

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