​​Évaluer ses champs au printemps

​Frédérick Juneau 

Stagiaire en agronomie


Au printemps, à la vue d’un champ dévasté par des ravageurs ou par un dur hiver, on peut être tenté de le détruire et de le ressemer. Pourtant, un simple calcul du taux de survie ou du taux de défoliation pourrait peser en faveur de laisser le champ tel qu’il est. Un bon diagnostic permet de prendre les meilleures décisions et d’adapter les interventions à chaque situation.

Évaluer ses prairies

Le décompte du nombre de plants est un examen facile et rapide à réaliser pour déterminer la performance d’un champ en début de saison. Pour réaliser ce type de test, je vous propose la méthode intitulée Jamais sans ma pelle! La préparation est assez simple. Rassemblez une feuille de papier, un crayon et une pelle de 5 ou 6 pouces qui servira à déterrer des carrés de 5 pouces sur 5 pouces ou de 6 pouces sur 6 pouces, puis rendez-vous sur le terrain. Si l’on souhaite gagner du temps lors du dénombrement des plantes, la pelle peut être remplacée par un simple cadre fabriqué pour réaliser des carrés dans les mêmes dimensions. Toutefois, les talles seront plus difficiles à compter. Voici les étapes pour réaliser un test :

  1. Repérer une zone représentative du champ pour y délimiter et déterrer un carré avec la pelle;
  2. Réaliser préférablement le carré sur le rang de culture si le champ est semé en rang. Dénombrer toutes les plantes cultivées et les mauvaises herbes;
  3. Noter les résultats, puis répéter les étapes 1 et 2 à différents endroits dans le champ jusqu’à obtenir quatre résultats.

Pour les prairies en établissement, une plante fourragère par pouce est suffisante si le semis s’est fait en rang. La première année suivant l’implantation d’une prairie, la densité optimale de plants dans un quadrat de 6 pouces sur 6 pouces est de trois à cinq plants. Cela ne semble pas beaucoup. Toutefois, il faut considérer qu’un plant de luzerne ou un plant de fétuque peut occuper un espace au sol de 6 pouces sur 6 pouces dès la deuxième année si on lui laisse l’espace pour se développer. C’est semblable à un plant de carotte : rien ne sert d’excéder la densité recommandée puisque les plants doivent avoir l’espace autour pour produire de grosses racines. Dans le contexte du réchauffement climatique, un taux de semis adéquat prend toute son importance. La photo 1 présente un exemple d’un champ examiné en périphérie d’Amos. On y dénombre une moyenne allant de 6 à 8 plants par mètre linéaire lors de la reprise au printemps.


 Photo 1 : Évaluation d’une prairie de trèfle rouge, de lotier et de mil, une année aprè​s son implantation. Crédit photo : Frédérick Juneau​

Si votre diagnostic vous indique que l’implantation de votre prairie n’est pas adéquate ou que les légumineuses n’ont pas survécu à l’hiver (dans le cas de la luzerne), vous pouvez considérer un sursemis. Le semis direct et le vasage constituent deux techniques possibles de sursemis. Néanmoins, il est déjà trop tard cette année pour effectuer un vasage puisque le cycle gel-dégel est essentiel à sa réussite.

Et le blé d’automne?

 Une méthode d’évaluation semblable peut être utilisée avec le blé d’automne. Le Guide agronomique des grandes cultures de l’Ontario prévoit qu’une culture optimale de blé d’automne devrait comporter de 33 à 42 plants par pied carré. Cette concentration prend en compte la densité de semis et l’espacement entre les rangs. On peut aussi évaluer le champ par un dénombrement des plants sur le rang. Pour le blé d’automne, on cherche à obtenir environ 66 plants par mètre linéaire au semis. Toutefois, comme le montre le tableau ci-dessous, on peut tolérer un nombre aussi bas que 20 plants par mètre linéaire lorsqu’on évalue la survie, et ce, sans trop compromettre le potentiel de rendement. La photo 2 présente un exemple d’un champ examiné en périphérie d’Amos où l’on a dénombré en moyenne 27 plants par mètre linéaire lors de la reprise au printemps. ​​

Évaluation de la survie à l’hiver d’un champ de blé d’automne et son rendement prédit en tonne métrique par hectare (tm/ha)​

​​​Nombre de plants par mètre sur le rang 
​Potentiel de rendement 
​Rendement au 5 octobre​
​66
​100 %
​5,34 tm/ha
​33
​95 %
​5,11 tm/ha
​23
​90 %
4,84 tm/ha
​20
​85 %
​4,57 tm/ha
​16
​80 %
4,30 tm/ha
Source : Joanna Folling, Évaluation de la survie du blé d’automne, page consultée le 30 mai 2022, adresse URL : http://omaf.gov.on.ca/french/crops/field/news/croptalk/2016/ct-0316a5.htm.

Photo 2 : Exemple de reprise du blé d’automne en mai. Crédit photo : Frédérick Juneau​​







Références

France Bélanger, Implantation des prairies? Jamais sans ma pelle!, Agri-Réseau, page consultée le 30 mai 2022.

André Dumond, Blé d’automne : évaluer la survie, Bulletin des agriculteurs, page consultée le 30 mai 2022.
 
André Dumond, Blé d’automne : tableau de survie, Bulletin des agriculteurs, page consultée le 30 mai 2022.

Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, Guide a​gronomique des grandes cultures, page consultée le 30 mai 2022.


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Dernière mise à jour : 2022-06-30

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