Clémence Wangni
Conseillère régionale en transformation alimentaire et en commercialisation
Qu’est-ce qu’un territoire nourricier? Un territoire nourricier priorise l’accès à la saine alimentation pour l’ensemble de sa population en consolidant un système alimentaire durable (SAD). Qu’est-ce qu’un SAD? Il s’agit d’un réseau de collaboration territorial intégrant les composantes du cycle de vie des aliments, à savoir : la production, la transformation, la distribution et la consommation de produits alimentaires ainsi que la gestion des matières résiduelles. Le but du SAD est d’accroître la santé environnementale, économique et sociale de la collectivité. Il comprend les acteurs, les activités et les infrastructures qui jouent un rôle dans la sécurité alimentaire d’une population, et repose sur une gouvernance alimentaire territoriale.
Comment appliquer les principes du territoire nourricier et du SAD à notre région? C’est pour le découvrir que le Comité intersectoriel régional en saines habitudes de vie (CIRSHV), qui compte parmi ses partenaires la direction régionale du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, a proposé de faire une analyse intitulée « Portrait préliminaire du territoire nourricier de l’Abitibi-Témiscamingue ». Cette enquête avait trois objectifs : recenser et documenter, par municipalité régionale de comté (MRC), les initiatives collectives pouvant s’inscrire dans un territoire nourricier et des SAD; orienter les stratégies d’action et de communication du CIRSHV et de ses partenaires pour favoriser le développement d’un territoire nourricier; mobiliser les acteurs nécessaires à la concrétisation de ce projet.
Pour les besoins de cet exercice, des initiatives ont été recensées et des entrevues ont été réalisées auprès des promoteurs et des acteurs régionaux et locaux en alimentation.
Les 100 initiatives ont été recensées entre le 13 octobre 2020 et le 20 janvier 2021. Voici les lieux où elles ont été dénombrées :
- MRC d’Abitibi : 24 %
- MRC de Témiscamingue : 20 %
- Ville de Rouyn-Noranda : 18 %
- MRC de La Vallée-de-l’Or : 17 %
- MRC d’Abitibi-Ouest : 16 %
- Sites Internet et médias sociaux : 5 %
Selon l’enquête, 72 % des initiatives couvrent la production bioalimentaire dans un contexte de cycle de vie des aliments du SAD, alors que les autres initiatives touchent à la gouvernance (13 %), à la distribution alimentaire (12 %) et à la transformation alimentaire (3 %).
Les jardins communautaires et collectifs, les aménagements comestibles et les productions commerciales (fermes maraîchères, kiosques à la ferme, autocueillette, distribution de paniers de légumes et marchés publics) sont des exemples de productions bioalimentaires.
Pour développer des SAD, l’organisme Vivre en Ville propose de placer l’alimentation au cœur des collectivités. Selon lui, un territoire nourricier a besoin de cinq ingrédients pour s’épanouir :
- Un accès amélioré aux aliments de qualité
- Un territoire productif
- Des entreprises prospères et responsables
- Des demandes de proximité accrue
- Un cycle de vie optimisé
L’analyse des entrevues permet de formuler des pistes d’action pour la suite à travers les forces, les occasions et les enjeux décelés par les acteurs locaux et régionaux.
Ce portrait indique que l’Abitibi-Témiscamingue possède un fort potentiel et des bases solides pour développer un territoire nourricier. Cela fait partie des solutions apportées aux enjeux actuels d’insécurité alimentaire, de gaspillage alimentaire, de soutien aux producteurs d’ici et de développement durable.
