Comment corriger une carence d'azote dans le maïs?

Louis Robert
Agronome, conseiller en grandes cultures
MAPAQ Montérégie, secteur Est


Des symptômes de carence en azote sur le maïs sont fréquemment observés à ce temps-ci de la saison. La décoloration du feuillage des plantules de maïs se manifeste le plus souvent vers la mi-juin, suite à une période de fortes pluies. Face à la difficulté de prévoir leurs effets sur le rendement final, on a tendance à vouloir éviter le pire en apportant une dose supplémentaire d’azote minéral en post-levée. Avant de procéder, quelques vérifications simples s’imposent.

Le lessivage d’azote

On associe souvent la décoloration du maïs à des pertes d’azote par lessivage. « Tout mon azote a été lavé! », est un commentaire souvent entendu. Les travaux de recherche sur le sujet, réalisés sous nos conditions de culture, nous en apprennent un peu plus sur le lessivage de l’azote.

Dans les pires situations, les pertes d’azote (N) ou de nitrates (sa forme soluble) au cours d’une année totalisent au plus 50 à 60 kgN/ha. La majeure partie se produit à la fonte des neiges au printemps, donc bien avant l’application d’azote. La plupart du temps, moins de 10 kg N/ha, sous forme de nitrates, est effectivement entraîné sous la zone racinaire entre le semis et la récolte. Malgré sa grande solubilité, la molécule de nitrate (NO3-) se déplace beaucoup plus lentement que l’on pense dans le profil de sol. Il faut en réalité de grandes quantités d’eau sur un sol sableux pour déplacer les nitrates hors de portée des racines.

Où se situent les symptômes?

Si les symptômes de carence d’azote (feuillage et tiges vert pâle sur l’ensemble du plant) dans votre champ sont surtout visibles dans les parties basses, comme le long des fossés et des rigoles, ou encore si les parties compactées se situent au bout du champ, il s’agit fort probablement de l’asphyxie des racines plutôt que d’une réelle carence en azote. La pluie et le ruissellement qui proviennent du haut du champ causent l’apparition de symptômes identiques à ceux d’une carence en azote. Pourquoi? Parce que les espaces vides, responsables de l’aération du sol et de la respiration des racines, sont remplis d’eau. Autrement dit, le système racinaire étouffe! La plante ne peut ni respirer ni absorber l’azote, pourtant abondant dans ces baissières et son développement se trouve alors stoppé. Les conséquences seront aggravées si le sol est compacté ou si sa structure est pulvérisée. L’ajout d’azote supplémentaire pourrait corriger les symptômes de façon momentanée, mais ne produira certainement pas un redressement du rendement aussi important et durable que si on améliore la structure du sol.

Correction d’une carence en azote

Une véritable carence d’azote se voit dans les parties surélevées du champ (buttes et coteaux), là où le mouvement de l’eau est très rapide dans le profil, jusqu’à la nappe d’eau souterraine. Dans ces cas, beaucoup plus rares que ceux mentionnés plus haut, l’application d’azote présente de meilleures chances de rentabilité. Voici quelques suggestions à ce sujet :

  • Le stade de développement du maïs n’affecte pas vraiment l’efficacité de l’apport d’azote. L’absorption se fait pratiquement jusqu’à l’apparition des croix. Mais il vaut mieux appliquer tôt que tard, pour des raisons pratiques : l’équipement utilisé dans le champ doit endommager le moins possible la culture.
  • La forme d’azote (nitrate d’ammonium, urée, solution, etc.) à privilégier dépend de la façon dont l’épandage est réalisé. La solution nitrate d’ammonium et urée (UAN, 32 %), incorporée en bandes entre les rangs, est idéale. L’urée à la volée est aussi valable, si on a l’équipement adéquat pour l’incorporer ou encore si on effectue l’incorporation avant une pluie (5 mm ou plus) pour diminuer les pertes. L’usage de solution ou de nitrate d’ammonium à la volée sur des plants en croissance peut causer des brûlures aux plants.

Ne vous faites pas trop d’illusion : l’application d’azote en post-levée ne peut compenser pour un sol dont la structure est détériorée. La croyance populaire accorde beaucoup plus d’efficacité au fractionnement d’azote que ce que la recherche a démontré. L’avantage de l’application en post-levée ou en présemis n’est pas tant la réduction du risque de pertes que le fait que l’on répartit le travail dans le temps. Cela offre la possibilité, en début de saison, de moduler la dose, par exemple à la suite d’un test de nitrates dans le sol.

Rappelez-vous que les symptômes sont souvent passagers. Le maïs peut reprendre sa croissance rapidement sans apport d’azote supplémentaire.

Texte intégral: journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 2 juin 2016

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Dernière mise à jour : 2017-01-13

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