Maïs bio : réduire les risques de contamination par les OGM

Francisca Müller, agronome
Conseillère en agroenvironnement et en grandes cultures biologiques
MAPAQ Montérégie


Fin juillet, les champs de maïs de la Montérégie se remplissent d’une fine poudre jaune qui s’accroche partout : le pollen. Pendant 8 à 10 jours, le travail de pollinisation qui permettra la formation des précieux grains de maïs est en cours.

Or, ce phénomène naturel peut représenter un casse-tête pour les producteurs de maïs biologique. En effet, depuis décembre 2015, la Norme nationale du Canada pour les systèmes de production biologiques exige que des stratégies d’atténuation soient mises en place « à moins que les distance d’isolement généralement acceptées […] ne soient présentes ». Dans le cas du maïs, cette distance serait de 300 mètres (984 pieds) entre un champ de maïs biologique et un champ de maïs OGM. Quand on sait que le maïs-grain représente tout près de la moitié des superficies en culture en Montérégie et que plus de 80 % de ce maïs est OGM1, on comprend mieux l’ampleur du défi.

Cette distance de 300 mètres peut sembler énorme. Le pollen de maïs, principalement transporté par le vent, tombe généralement dans un rayon de 5 mètres en bordure des champs et rarement au-delà de 25 à 50 mètres2. Toutefois, il est possible que les conditions climatiques fassent en sorte que quelques grains de pollen voyagent sur une distance plus longue. Comme la Norme canadienne biologique n’a pas statué sur un seuil minimal de contamination acceptable, un producteur biologique pourrait se retrouver avec une récolte déclassée avec un taux de contamination aussi faible que 0,1 %.

Des solutions pour une meilleure coexistence
Les producteurs biologiques peuvent mettre en oeuvre des stratégies d’atténuation qui permettent de réduire la distance exigée entre les champs de maïs OGM et bio. Parmi les mesures suggérées, on retrouve l’implantation de haies brise-vent ou autres barrières physiques, l’implantation de rangées périphériques qui ne seront pas vendues comme bio ou encore la pratique du semis différé. Une autre stratégie pourrait être de s’entendre avec le voisin conventionnel pour ne pas semer du maïs dans des champs côte à côte. Parfois, le simple fait de se parler entre voisins peut faciliter bien des choses et prévenir d’éventuelles frustrations, tout en contribuant à maintenir un climat de bonne entente.

Projet sur le semis différé
Des projets sont également en cours pour mieux outiller les producteurs biologiques face à la réalité de la contamination OGM. Entre autres, un projet est actuellement mené par le CETAB+ dans les régions de la Mauricie et de Chaudière-Appalaches pour déterminer si un semis différé de huit jours est suffisant pour limiter la contamination par les OGM. Les résultats d’une première année d’étude ont été présentés lors du colloque Bio pour tous! du 16 février dernier et seront disponibles via le site du CETAB+ (www.cetab.org). Un projet semblable a été déposé en Montérégie et permettrait de tester des délais de semis plus long rendus possibles grâce à nos conditions climatiques plus clémentes. C’est donc un sujet chaud à suivre!

Et si vous avez un voisin bio, pensez à lui la prochaine fois que vous sèmerez votre maïs!

1 www.ogm.gouv.qc.ca 
2 Idem 
 

Photo : Étienne Boucher, MAPAQ

 

 

Texte intégral : journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 2 mars 2017

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Dernière mise à jour : 2018-05-08

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