Optimiser les engrais de ferme en travail réduit

Louis Robert
Agronome, conseiller en grandes cultures
MAPAQ Montérégie


La rotation des cultures est essentielle au succès de tout système agricole en travail réduit, y compris le semis direct. Toutefois, pour que ce système soit rentable, il faut tirer profit des engrais de ferme et de leurs éléments fertilisants en choisissant les bonnes périodes d’épandage ainsi que les bonnes méthodes et périodes d’incorporation au sol.

Pour une entreprise agricole dont le cheptel et les superficies sont équilibrés, une bonne gestion des engrais de ferme apporte son lot d’avantages. En plus de minimiser ses impacts environnementaux, l’exploitation est plus autonome, sinon autosuffisante en matière d’éléments fertilisants. De plus, elle maximise la productivité de toutes ses parcelles grâce à l'effet d'amendement sur la structure de sol.

Importante, la rotation

Généralement, lorsqu’on travaille un sol de manière conventionnelle, les cultures atteignent des rendements 10 % plus élevés avec des rotations que ceux obtenus en monoculture (deux ans d’une même culture ou plus).

Si l’on combine des rotations avec un travail minimal du sol (ex. : semis direct), les rendements deviennent encore plus importants, soit de 10 % à 25 %. Pourquoi? À cause de l’allélopathie (toxicité de certains produits de décomposition des racines et des résidus), de l’association des microbes et des racines ainsi que de la stimulation de la vie microbienne de la rhizosphère (environnement immédiat des racines).

L’efficacité des engrais de ferme

Chaque type d’engrais de ferme contient une proportion différente d’azote minéral et d’azote organique; les engrais diffèrent aussi par leur contenu en carbone et en azote (rapport C/N). Selon ces proportions, l’azote sera disponible plus ou moins rapidement, ce qui fait aussi varier le délai de réponse et la nécessité d’utiliser un complément d’engrais minéral.

Comparativement aux engrais minéraux, les engrais de ferme libèrent plus efficacement le phosphore assimilable par les cultures, et ce, sur une longue période. Les deux types d’engrais sont toutefois équivalents en ce qui concerne le potassium et les autres éléments. Ainsi, une ferme laitière équilibrée sur le plan du cheptel et des superficies ne devrait pas avoir besoin d’importer ces éléments.

La décomposition de l’engrais

Plus l’engrais de ferme qu’on souhaite épandre est fibreux, plus les microorganismes du sol prennent du temps à le décomposer. Idéalement, un fumier de bovins pailleux et très fibreux devrait être épandu assez tôt lors de la saison précédant la culture (août à début septembre). Lorsque le fumier est épandu en septembre ou en octobre, la période de décomposition active n’est pas assez longue. Ainsi, au printemps suivant, la culture n’absorbera pas adéquatement l’azote.

Toutefois, si la dose est appropriée et qu’elle est immédiatement incorporée, un épandage d’automne de fumier pailleux produira à peu près le même effet qu’un épandage de printemps. La décomposition débutera dès que le sol commencera à se réchauffer (à partir de 5 à 10o C); l’azote ainsi que les autres éléments organiques ne seront libérés qu’après la période des besoins maximaux de la culture.

Dans le cas des lisiers, le délai de décomposition est beaucoup plus court. Lorsqu’on procède à l’épandage en pré-semis, l’azote est libéré au moment où la culture l’absorbe le mieux. Comparativement au lisier de porc, le lisier de bovin a besoin d’un temps d’incubation un peu plus long. Ainsi, l’épandage de lisier de bovin en post-levée du maïs est généralement déconseillé; l’azote est libéré trop tard par rapport aux besoins des plantes. L’épandage de lisier en octobre, après une récolte de soya par exemple, peut être avantageux. Comme le sol est froid, l’ammoniac a moins tendance à se transformer en nitrates. Il se conserve jusqu’à la reprise de l’activité microbienne au printemps.

Le temps de décomposition des engrais de ferme ne dépend pas uniquement du type d’engrais. La texture et l’aération du sol exercent également une influence. Plus un sol est léger et aéré, en plus de se réchauffer rapidement (comme c’est souvent le cas des sols sableux), plus rapide sera la décomposition.

Bref, on ne gère pas les engrais de ferme en respectant à la lettre une période dans un calendrier. Il faut plutôt déterminer les chantiers possibles, idéalement dans un Plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF). Ensuite, on doit éviter les dommages au sol (compaction), respecter les doses agronomiques et incorporer les engrais le plus rapidement possible dans les premiers pouces de sol. 

Caractéristiques et modes d’action des engrais de ferme

 

 

Texte intégral: journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 22 septembre 2016

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Dernière mise à jour : 2017-01-26

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