La résistance au changement en agriculture... et ailleurs!

Odette Ménard, ing. et agr.
Conseillère en conservation des sols et de l’eau
MAPAQ Montérégie


Combien d’articles avez-vous lu sur la conservation des sols et de l’eau? Combien de fois avez-vous approuvé de la tête la valeur exceptionnelle des vers de terre dans votre sol? Combien d’essais avez-vous mis en place pour mieux identifier les facteurs clés du succès du semis direct? Combien de conférences avez-vous suivi pour mieux comprendre l’importance des cultures de couverture? Combien de profils de sol avez-vous creusé pour en apprendre davantage sur les propriétés physiques et biologiques de vos sols?

Voilà autant de questions qui peuvent interpeller les producteurs et les productrices vers un changement de façons de faire sur la ferme. De nombreux chercheurs se sont intéressés au comportement des producteurs agricoles face au changement. Ces études regroupent les entreprises agricoles en cinq catégories :

  • Les gardiennes. Pour les productrices et producteurs qui travaillent au sein de ces entreprises, cultiver la terre est une manière de vivre. Ces personnes ressentent beaucoup de fierté vis-à-vis de leur entreprise. De même, le respect de l’environnement est une valeur importante. Ces entreprises représentent environ 25 % des exploitations agricoles.
  • Celles pour qui l’agriculture est un choix de vie. Au sein de ces entreprises, l’agriculture n’est pas la première source de revenu. Il s’agit d’une exploitation agricole de type plus traditionnel. Les fameux « agriculteurs gentilshommes » (« gentlemen farmer »)! Elles représentent environ 5 % des exploitations agricoles.
  • Les pragmatiques. Les gestionnaires de ces entreprises ont une approche équilibrée. Ils sont émotivement attachés à l’agriculture, mais ils reconnaissent le besoin de se concentrer sur les aspects administratifs de l’entreprise. Elles représentent environ 25 % des exploitations agricoles.
  • L’entreprise familiale moderne. Il s’agit d’entreprises qui se perpétuent de génération en génération. La planification financière y est importante. Elles représentent environ 40 % des exploitations agricoles.
  • Les entreprises en difficulté. Pour les propriétaires de ces entreprises, l’agriculture est un fardeau et une lutte constante pour s’en sortir. Ils sont souvent isolées et pessimistes pour le futur. Ces entreprises représentent environ 5 % des exploitations agricoles.

Ce qui surprend, dans ces études, c’est qu’on y apprend qu’une fois la décision prise de prendre un virage vers une agriculture de conservation, la très grande majorité des producteurs et productrices n’adoptent qu’une seule pratique (ex. : changer de semoir). Et ce, sans changer le reste de leur système de gestion. Conséquence : ce changement, partiel, n’apporte pas toujours les résultats escomptés.

Pour réussir un changement, n’hésitez pas à changer aussi votre manière de voir les choses!


Source : Pike, Tony. Understanding behaviors in a farming context, 2008.  
 

Texte intégral : journal et Gestion et technologie agricoles (GTA), 24 août 2017 

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Dernière mise à jour : 2018-01-30

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