Réussir le sous-solage

Louis Robert
Agronome, Conseiller expert en grandes cultures
MAPAQ Montérégie

Les tentatives de corriger des problèmes de compaction par le sous-solage se sont souvent soldées par des échecs. Les causes les plus fréquentes de ces échecs sont : 

  • le profil de sol était trop humide
  • on n’avait pas procédé au préalable à des examens de profils pour déterminer la profondeur de l’horizon endommagé
  • l’outil utilisé ne pouvait pas atteindre et défoncer l’horizon compact.

Il n’y a pas de raccourcis : réaliser des profils de sol avec une pelle ronde est la seule façon de vérifier s’il s’agit de compaction réelle, quelles parties du champ sont affectées, et surtout, à quelle profondeur.

Même sans laisser de traces importantes à la surface du sol, une batteuse, une voiture à grain ou un épandeur peut facilement afficher un poids de plus de 10 tonnes/essieu et créer une compaction sévère à plus de 60 cm (25 pouces). Connaissez-vous beaucoup d’outils qui peuvent descendre à cette profondeur? Parmi toute la gamme de « sous-soleuses » qui sont offertes sur le marché, rares sont celles qui peuvent descendre à plus de 20 pouces.

Un sol à profil humide est sensible à la compaction en tout temps de l’année. La compaction en profondeur est toutefois plus sournoise au printemps : le sol s’assèche en surface et peut donner l’impression qu’il est prêt à être travaillé et à supporter les gros équipements. En réalité, même si nous ne voyons pas d’ornières creuses suite au passage de la machinerie, le sous-sol est encore humide (rabattement de nappe) et se compacte sous l’action de la surcharge par essieu.

Conditions pour un sous-solage efficace : 

  • réaliser des examens du profil à plusieurs endroits (incontournable)
  • le sol et le sous-sol doivent être secs
  • après le sous-solage, aucun passage jusqu’au printemps suivant
  • profondeur de travail : 10 cm (4’’) sous la couche compactée
  • le sens du travail par rapport au champ ou au système de drainage n’a pas énormément d’importance, sauf en cas de pente accentuée ou si on n’a pas atteint un horizon perméable. Dans ces cas, il faut alors préférablement travailler en diagonale par rapport à cette pente ou aux drains
  • semis d’engrais vert juste avant (un jour ou deux) le sous-solage pour stimuler la vie microbienne. Cela permet l’établissement d’un système racinaire actif le plus tôt possible
  • utiliser du glyphosate quatre semaines avant le sous-solage, s’il est fait dans une prairie.

S’il est facile de compacter un sol, il est par contre beaucoup plus difficile de le remettre en état. Par exemple, il faudra une longue période sans pluie pour qu’un champ très compacté atteigne le degré d’assèchement requis pour le sous-solage. Cela est d’autant plus vrai que la couche compactée sera profonde. La plupart du temps, ce n’est pas avant le mois d’août ou début septembre que les conditions du sol s’y prêteront. Il faudra même peut-être envisager sacrifier une saison sans récolte, car il est difficile d’espérer une récolte rentable dans un cas grave. Un sacrifice largement compensé par l’amélioration du rendement à moyen et à long terme. Si le travail est fait en condition suffisamment sèche, l’opérateur sentira une différence marquée dans la résistance du sol au passage de l’équipement d’une zone compactée à une zone en bon état. Le sol entre les dents sera soulevé d’environ six à huit pouces par rapport au sol non compacté ou pas encore travaillé.

La sous-soleuse idéale

Méfiez-vous des outils à sept, neuf pattes ou plus, avec un espacement entre elles de moins de 20 pouces. Vous n’avez pas besoin d’un tel équipement. Vous devez plutôt utiliser un équipement avec les caractéristiques suivantes : 

  • des étançons (« pattes ») droits qui remontent moins de terre et cailloux
  • un à cinq étançons, trois étant l’idéal
  • utiliser des socs les plus étroits possible, pas de « pattes d’oie » ou d’ailettes
  • une profondeur de travail pouvant atteindre la compaction
  • un espacement de 30" minimum ou ajustable (1,5 X la profondeur)
  • des pattes décalées (en « V ») qui exigent moins de force de traction
  • un système de déclenchement (boulons de sécurité, ressorts).

Les étançons droits demandent plus de traction et « piquent » certainement moins que les étançons courbés, mais offrent l’immense avantage de réduire le risque de lissage et la remontée de terre et de pierres. Un tel outil gagne en efficacité s’il est monté sur un bulldozer, question de stabilité et de contrôle de la profondeur (voir la photo).

Idéalement, les dents devraient être espacées d’une distance équivalente à 1,5 à 2 fois la profondeur de travail. C’est comme si on voulait casser une dalle de béton : une fissure doit être créée à tous les trois à quatre pieds. L’action de la dent fera en sorte que toute la surface entre les sillons sera fragmentée. Cela permettra l’aération et l’évacuation de l’eau ainsi que l’exploitation de tout le volume de sol requis par le système racinaire.

Le sous-solage n’est pas une panacée : les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous ou immédiats. Par contre, lorsque bien réalisé, les effets sont durables. Toutefois, il faut veiller à ne pas créer de la compaction à nouveau. Il s’agit d’un correctif et non pas d’une méthode de travail de sol habituelle.

 Type de compaction  Profondeur typique (pouces)  Causes  Correctifs
Surface  0-7 Pulvérisation par travail secondaire, épandage d'automne, lbs/po2 Hersage, amélioration de la structure avec des engrais verts
Semelle de labour  7-12 Labour en condition humide Travail vertical en bande (« strip-till »), travail en zone localisée (« zone-till ») et chisel
Profonde  12-30 Passages lourds (tonnes/essieu), profil humide (printemps) Sous-solage, rotation, engrais verts, prévention
Naturelle Sans fin, progressive Sol peu profond, sous-sol imperméable Mêmes, avec des effets limités

 

Un bulldozer équipé d’étançons droits pour le sous-solage. Cet équipement offre l’avantage de réduire le risque de lissage et la remontée de terre et de pierres.

Photo: Louis Robert (MAPAQ)

 
Texte intégral : journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 25 août 2016

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Dernière mise à jour : 2017-01-23

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