Par Stéphanie Mathieu, agronome, conseillère en grandes cultures, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
Vous envisagez d'implanter des cultures de couverture? Profitez de la période suivant la récolte des céréales, ou de toute autre culture hâtive, qui est propice au développement d'une biomasse racinaire et aérienne imposante, pour le faire.
Les cultures de couverture offrent plusieurs avantages dans un système cultural, tels que l'amélioration de la structure et de la rétention en eau des sols, la récupération d'éléments fertilisants, qui auraient autrement été lessivés dans l'environnement, et la protection des sols contre l'érosion. Ces améliorations, qui rendent les systèmes agricoles plus résilients, sont essentielles pour la durabilité des entreprises dans le contexte des changements climatiques.
Les cultures de couverture sont aussi une source de biodiversité. Elles abritent des insectes, des champignons et des nématodes bénéfiques.
De plus, elles peuvent constituer un revenu d'appoint lorsqu'elles sont récoltées. Le mélange avoine-pois et le seigle d'automne sont notamment très populaires.
Les cultures de couverture pour limiter la croissance des mauvaises herbes
Un autre élément non négligeable des cultures de couverture est leur incidence sur les mauvaises herbes lorsqu'elles sont jumelées à un contrôle chimique ou mécanique. Les études ont démontré un lien direct entre l'importance de la biomasse des cultures de couverture et la suppression des mauvaises herbes puisque ces dernières subissent alors de la compétition pour l'eau et la lumière. Aussi, en recréant les mêmes conditions que l'on trouve plus en profondeur dans le sol, comme une plus faible température et moins de radiation solaire, les cultures de couverture parviennent à diminuer la germination des mauvaises herbes.
Également, certaines espèces, comme le seigle, le sorgho-soudan et le sarrasin, produisent des substances allélopathiques qui ont aussi une influence sur la germination et la croissance des mauvaises herbes. Le tableau 1, bien que non exhaustif, classe les espèces selon leur efficacité à limiter la croissance des mauvaises herbes. Les mélanges sont évidemment très intéressants pour la synergie et pour faire ressortir les atouts des différentes espèces. Une étude faite par l'Université de Pennsylvanie a démontré que les cultures de couverture de graminées procuraient toujours une bonne suppression des mauvaises herbes, même si elles représentaient moins de 20 % des mélanges. Cet effet semblerait lié à leur croissance rapide.
Tableau 1. Efficacité des cultures de couverture à limiter la croissance des mauvaises herbes
Seigle d’automne |
Excellente |
Triticale d’automne |
Sarrasin |
Moutarde orientale |
Radis oléagineux |
Chou frisé (kale) |
Orge de printemps ou d’automne |
Très bonne |
Avoine |
Triticale de printemps |
Trèfle rouge |
Ray-grass annuel |
Bonne |
Pois fourrager |
Tableau 8-4. Classement relatif des cultures de couverture quant à leur efficacité à limiter la croissance des mauvaises herbes. Publication 75F, OMAFRA.
Planifier son intégration pour éviter les mauvaises surprises
Pour diverses raisons, il arrive que des mauvaises herbes s'implantent dans la culture de couverture. On doit alors s'assurer qu'elles ne produiront pas de graines. Par exemple, à la suite de la récolte du blé d'automne, la fauche des mauvaises herbes annuelles dans une culture intercalaire de trèfle empêchera la production de semences.
La culture de couverture peut aussi devenir une source d'ennui si elle réussit à produire des semences. Par exemple, le sarrasin peut produire des graines viables sept jours seulement après avoir fleuri.
L'intégration des cultures de couverture dans la rotation se planifie. On doit aussi définir, si nécessaire, comment sera gérée la biomasse. Les espèces doivent être choisies en pensant à la culture qui suivra, aux contraintes et aux besoins à combler.
N'oubliez pas de vérifier si les herbicides qui ont été appliqués au cours de la saison sont compatibles avec les espèces que vous comptez implanter.
Besoin d'un coup de pouce?
En terminant,
le programme Prime-Vert soutient financièrement l'implantation de cultures de couverture pour autant qu'elles ne soient ni détruites avant l'hiver ni récoltées en cours de saison ou au cours de la saison suivante. Profitez-en pour en faire l'essai et remettre du vert dans vos champs!
Sources :
- Guide de lutte contre les mauvaises herbes. 2020. Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario.
- Sustainable Agriculture Research and Education. 2007. Managing Cover Crops profitability, third edition.
- Teasdale, J. R. 1996. Contribution of cover crops to weed management in sustainable agricultural systems.
- Nickel, R. 2018. 7 ways cover crops help fight weeds.