Je ne suis pas une victime​
(Premier article de la série sur la planification stratégique)

Par Laurence Gendron, agronome, M. Sc., conseillère en économie et gestion et Yves Simard, agronome, conseiller en économie et gestion et en relève agricole, ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation​

L’une des principales préoccupations des producteurs agricoles, au regard de leur entreprise, est sans doute d’ordre financier. La rentabilité, la capacité d’honorer ses obligations à court terme, d’investir ou de rémunérer adéquatement le travail des employés en sont quelques exemples. Malgré cette réalité, la gestion est probablement l’un des sujets les plus malaimés des agriculteurs. D’ailleurs, ce fait n’est pas exclusif au secteur agricole; pour plusieurs Canadiens, la gestion de l’argent est une source de confusion, de frustration et d’accablement[1]. Dans un monde « qui va vite », particulièrement en agriculture où la charge de travail est grande, prendre le temps de faire un bilan de la situation de son entreprise, de comprendre son environnement d’affaires et de réfléchir à « là où l’on veut être dans 10 ans » n’est pas un exercice jugé prioritaire.

Et pourtant.

Se doter d’un plan stratégique est essentiel. La littérature indique que cet exercice contribue à une meilleure croissance de l’entreprise, qui prospérerait mieux. C’est également un instrument qui améliore la communication interne et qui rend l’entreprise plus résiliente et ouverte aux nouvelles idées[2]. Les propriétaires seraient par ailleurs plus heureux. La planification stratégique s’adapte parfaitement à la situation des entreprises agricoles!
 

Aligner l’équipe

​​Le plan stratégique précise la direction qu’un entrepreneur veut donner à son entreprise et la façon dont il doit s’y prendre pour atteindre ses objectifs. Où veut-il qu’elle soit dans 5 ans, 10 ans ou 20 ans? Pour définir la « situation visée ​» et ainsi align​er l’équipe sur une vision commune, il importe d’impliquer les principaux intéressés : les propriétaires, les employés, la famille, les collaborateurs, etc. D’ailleurs, pour que l’opération soit un succès, tous doivent comprendre le processus, s’y intéresser et s’y engager. Quels sont les intérêts, les valeurs, les aspirations de chacun? On sait que, pour être heureux dans la vie, il faut faire « ​plus de ce que l’on aime ​». Alors, en affaires, il faut réfléchir à ce qui nous plaît et à ce qui nous plaît moins. C’est la base du plan.



Avoir une feuille de route simple

Une fois qu’on sait où l’on s’en va, il faut savoir comment on y arrivera. Le plan stratégique est une feuille de route simple et claire qui précise les étapes à suivre pour atteindre ses objectifs. Si l’un des objectifs est, par exemple, de s’approprier le savoir-faire de nouvelles cultures d’ici 5 ans, le plan précisera les actions à entreprendre (rencontrer d’autres agriculteurs et des agronomes, intégrer graduellement des cultures à la rotation), les tâches à accomplir (visiter les entreprises A, B et C, aménager des parcelles d’essais à la ferme), les personnes à joindre et l’échéancier à suivre. À cause du contexte qui évolue rapidement, le plan stratégique doit être flexible. Il peut tenir sur une ou deux pages et rassembler l’information sous forme de tableaux. L’une des clés du succès est d’entretenir la « stratégie », c’est-à-dire de faire le bilan des réalisations, minimalement deux fois par année[3].
 

Prendre les choses en main

La planification stratégique est pour tous : petite ou grande entreprise, nouvelle ou existante depuis plusieurs années. Elle est utile, même s’il n’y a pas de grands changements à prévoir pour l’entreprise. On pense évoluer dans un environnement stable; toutefois, la pandémie de COVID-19 nous a rappelé que des bouleversements sont inévitables. Et qu’ils peuvent se produire rapidement! La planification stratégique permet d’anticiper les changements et, surtout, de réfléchir à la façon de s’y préparer.
En définissant son identité, en connaissant son environnement d’affaires, en identifiant les façons de tendre vers sa vision et en s’entourant de personnes qualifiées, l’entreprise agit de façon proactive plutôt que réactive. Elle est prête à saisir les opportunités et à faire face aux menaces. Elle n’est pas une victime : elle est en pleine possession de ses moyens!


Références

  1. Faisons des changements qui comptent : Stratégie nationale pour la littératie financière 2021-2026 - Canada.ca
  2. Qu’est-ce que la planification stratégique? | BDC.ca
  3. Gilbert Lavoie, Forest Lavoie Conseil, Communication personnelle, 2021.


 
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Dernière mise à jour : 2022-11-30

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