Céréales d’automne : un investissement payant!​​​​​​​

Bruce Gélinas, agronome
Conseiller régional en grandes cultures
Direction régionale de la Mauricie, MAPAQ

Collaboration :
Yvan Faucher, agronome, MAPAQ Montérégie-Est
Stéphanie Mathieu, agronome, MAPAQ Montérégie-Ouest
Amélie Grondin, agronome, MAPAQ Centre-du-Québec
 
Une situation de pertes hivernales du blé d’automne très sévères, c’est-à-dire supérieures à 40 %, comme celle qu’ a vécue la Montérégie en 2019, se produit environ une fois aux vingt ans. De façon générale, pour la Montérégie, le taux de survie du blé est supérieur à 70 %, quatre années sur cinq. 
 
Tout investissement comporte des risques et la culture des céréales d’automne n’y fait pas exception. Il y a de bonnes et de mauvaises années. L’important n’est pas les fluctuations à court terme, mais bien les tendances lourdes permettant de savoir si l’entreprise sur laquelle on mise peut faire grossir notre portefeuille à long terme. 
 
Avec un potentiel de rendement en grains et en paille de 25-40 % supérieur à celui des céréales de printemps, et un risque de fusariose moindre, les céréales d’automne sont un investissement logique. La forte productivité des céréales d’automne tient essentiellement à l’avantage de son système racinaire. Les racines déjà bien implantées dès le printemps poursuivent leur développement et permettent à la culture de mieux suivre la descente de la nappe phréatique au long de la saison, ce qui constitue un avantage important lorsque les conditions sont sèches.
 
Les céréales d’automne permettent un meilleur retour sur investissement grâce aux avantages suivants : 
  • Elles sont compétitives face aux mauvaises herbes, ce qui permet de réduire les dépenses d’herbicides.
  • Elles se récoltent tôt, ce qui permet des épandages de fumier dans des conditions optimales pour minimiser la compaction et favoriser la productivité des sols ou pour implanter une prairie en semis direct, action souvent possible sans l’usage d’herbicides.
  • Elles diminuent les pics de travaux au champ de par leur présence dans la rotation, ce qui permet de réduire les dépenses en machinerie et en main-d’œuvre.
  • Elles cohabitent très bien avec le trèfle, ce qui permet de semer un trèfle à la volée en tout début de saison afin de réduire les dépenses en engrais azoté dans le maïs subséquent et d’en augmenter le rendement.
  • Elles s’implantent bien par semis direct ou en travail de sol réduit, ce qui permet de réduire les dépenses liées au semis.

Les connaissances agronomiques actuelles démontrent qu’une synergie, souvent appelée « effet rotation », s’opère lorsqu’on insère une céréale d’automne dans la rotation. Les rendements augmentent lorsque des cultures de couverture (surtout des légumineuses) sont ajoutées. Grâce à cet effet, la culture de blé d'automne augmente le rendement des cultures suivantes et, par là même, la rentabilité moyenne de l’ensemble des superficies. Les données du tableau suivant illustrent l’avantage économique de la rotation à trois cultures. 

​Protégez votre investissement 

​Pour commencer, vérifiez auprès des acheteurs de grains les possibilités de vente de votre grain avant l’implantation de la culture. Pour les productions de niche (seigle, épeautre), il est important de signer un contrat avant le semis. Pour une meilleure survie hivernale, il convient d’implanter la culture dans des champs dont le sol a une bonne perméabilité, qui s’égouttent bien et qui sont bien nivelés. En cas de mortalité hivernale élevée (plus de 35 %), le producteur peut : ​
  • détruire la culture d’automne et semer une céréale de printemps;
  • semer une culture complémentaire dans les zones à forte mortalité, par exemple du pois sec, qui sera séparé du grain de céréale au criblage;
  • semer une culture de couverture dans les zones mortes pour réprimer les mauvaises herbes.

Le saviez-vous?

Un nouveau programme d’assurance contre la mortalité hivernale est offert par la Financière agricole du Québec. Consultez le résumé de la protection Céréales d'automne.

 
Le ​Guide de production des céréales d’automne du CRAAQ livre des informations très pertinentes et présente de bonnes pratiques agronomiques.

 
Vous n’avez jamais cultivé de céréales d’automne? Le programme Prime-Vert 2018-2023 offre des aides financières pour essayer les céréales d’automne sur votre ferme. ​

 
Cet article a été publié sur le blogue Agri-réseau, le 31 juillet 2019. Pour la bibliographie complète, veuillez accéder à l’article original 

 
Tableaux

​Scénario 1 : rotation maïs​-soya sur 6 années​ ​

CultureMaïs RRSoya RRMaïs RRSoya RRMaïs RRSoya RR
Produits ($/ha)212914582129145821291458
Charges ($/ha)138662113866211386621
Marges ($/ha)743837743837743837
Marge moyenne de la rotation ($/ha) 790  ​ ​ ​ ​

Scénario 2 : rotation maïs-soya-blé d'automne (avec augmentation de rendement maïs/soya)

CultureMaïs RRSoya RRBlé panifiable
d'automne
Soya RRMaïs RRBlé panifiable
d'automne
Produits ($/ha)232015461714232015461714
Charges ($/ha)1326
6239841326623984
Marges ($/ha)994923730994923730
Marge moyenne de la rotation ($/ha) 882  ​ ​ ​ ​

 Source : Guide de production - Céréales d'automne, CRAAQ, 2018.


 

« L'avantage économique de faire une rotation à trois cultures est évident.  Nous constatons une augmentation des rendements dans le maïs et le soya. Le blé d'automne nous permet de mieux gérer nos fumiers, de diminuer la compaction et d'implanter des engrais verts performants. Dans le soya, nous avons observé qu'il y a moins de sclérotiniose et que les racines sont plus saines. »

Ferme EDPA inc., St-Édouard

​​Texte intégral : journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 19 septembre
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Dernière mise à jour : 2020-01-30

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