Comment démarrer une entreprise spécialisée dans la production en serre?

Mahmoud Ramadan, agronome
Direction régionale de la Montérégie, secteur Ouest
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Le démarrage ou l’expansion d’une entreprise spécialisée dans la production en serre exige une très bonne planification et la prise en considération de nombreux facteurs importants.

La production en serre vise essentiellement à cultiver des végétaux pendant une saison plus ou moins longue grâce à une maîtrise optimale et précise des paramètres climatiques et techniques. L’investissement et la mise de fonds de départ sont généralement élevés, c’est-à-dire de 100 à 400 $ par mètre carré, en fonction de différents éléments tels que le type de serre, le niveau technologique, la longueur de la saison, les systèmes de chauffage, de ventilation et d’éclairage, et d’autres facteurs.

De nombreux éléments sont à considérer pendant l’étape de la planification :

1. Le choix de l’emplacement

  • Les règlements et permis nécessaires : Il faut respecter la réglementation en vigueur (Commission de protection du territoire agricole du Québec, Loi sur la qualité de l’environnement, Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection, normes concernant les milieux humides et l’aménagement du territoire municipal [zonage]). Plusieurs vérifications doivent être effectuées avant de choisir un emplacement pour s’assurer de sa conformité.
  • La superficie adéquate : Un minimum de deux acres est nécessaire pour aménager les installations, la zone de culture en serre, les bâtiments de service, la voie d’accès, le stationnement et les zones tampons. La disponibilité d’autres terrains vacants adjacents à ceux de l’entreprise est souhaitable pour que cette dernière puisse prendre de l’expansion à mesure qu’elle se développe. En règle générale, il faut multiplier par deux la superficie calculée pour déterminer la grandeur de terrain à acquérir. De plus, le type de sol doit permettre un bon drainage.
  • L’abondance et la qualité de l’eau : La quantité d’eau nécessaire dépend de nombreux facteurs, notamment du climat, du système d’irrigation utilisé et du type de cultures. L’approvisionnement en eau doit être suffisant pour répondre à la demande durant les périodes de pointe. Généralement, un apport de 10 à 15 litres par jour par mètre carré de superficie cultivée est suffisant. Des tests devraient également être effectués pour évaluer la qualité de l’eau (sédiments en suspension, pH, conductivité électrique, quantité totale de solides dissous, alcalinité et dureté).
  • L’orientation : Une orientation est-ouest favorise une bonne clarté durant l’hiver et est plus adaptée aux serres individuelles. L’orientation nord-sud, quant à elle, assure un éclairage uniforme et une perte minimale de lumière pendant l’été. Elle est plus convenable pour les serres jumelées. La plus petite surface de la serre devrait faire face aux vents dominants. Le vent et l’éclairage sont les deux principaux facteurs à considérer pour déterminer l’orientation des serres. Celle-ci peut varier de plus ou moins 30 degrés par rapport à l’orientation initiale choisie.
  • Les brise-vent : Ils sont nécessaires pour protéger la serre des vents dominants et réaliser ainsi des économies sur le coût du chauffage qui peuvent aller jusqu’à 10 %. Toutefois, ils doivent être éloignés de la serre à une distance équivalente à deux fois leur hauteur.
  • La topographie : Un terrain relativement plat, comportant une pente maximale de 0,5 % à 1 %, réduit les coûts de préparation. Il permet aussi le drainage de la pluie et le ruissellement des eaux.
  • L’accessibilité routière : Pour la vente en gros, un bon accès au réseau routier peut améliorer la livraison et l’expédition. En ce qui concerne la vente au détail, une entreprise située sur une route très fréquentée aura une plus vaste clientèle et une meilleure visibilité.
  • Les services publics : Le coût des services publics et leur disponibilité sur le terrain de l’entreprise doivent être pris en considération. Pour l’électricité, il faut s’assurer qu’une ligne triphasée est accessible. Il est important de s’informer auprès des distributeurs pour connaître la possibilité d’utiliser d’autres sources d’énergie (ex. : propane, huile, gaz naturel, bois et bran de scie).
  • Les autres considérations : Les sites d’enfouissement des déchets (sol contaminé) et les zones d’inondation sont à éviter.

2. Le choix du type de serre

Une serre bien conçue, une utilisation optimale de l’espace et des contrôles environnementaux précis sont la clé du succès. Les serres peuvent être individuelles ou jumelées (multichapelles).

Au Québec, il faut prévoir des structures de soutien et de renfort adaptées à nos hivers qui peuvent supporter le poids de la neige accumulée comme les arches ainsi que les barres-supports parallèles et perpendiculaires.

 Serres individuelles Serres jumelées
  •  Elles sont idéales pour les petits producteurs (superficie de moins de 10 000 pieds carrés).
  • Elles conviennent pour une saison de production courte (de la mi-février à novembre).
  • Il est facile de construire des serres supplémentaires.
  • Un environnement de culture séparé est fourni dans chaque serre.
  • Il est possible de fermer les serres lorsqu’elles ne sont pas utilisées.
  • Elles sont mieux adaptées aux zones de neige épaisse et aux terrains non nivelés.
  • Elles sont moins chères à construire, car les coûts de préparation du terrain et de construction sont moins élevés.
  • Le coût du chauffage est plus élevé (système de chauffage individuel).
  • Les coûts de l’électricité et de l’approvisionnement en eau sont plus élevés.
  • Elles sont adaptées pour les plus gros producteurs (superficie de plus de 10 000 pieds carrés).
  • Elles conviennent pour une saison de production longue (de décembre à novembre).
  • Il y a moins de pertes de chaleur (moins de contact avec l’extérieur par pied carré).
  • Elles permettent une meilleure utilisation de la main-d’œuvre.
  • Elles permettent une plus grande flexibilité et une meilleure utilisation de l’espace.
  • La hauteur des gouttières est plus élevée (au moins 12 pieds), ce qui fournit un tampon d’air.
  • Il est possible d’aménager des écrans thermiques ou d’ombrage.
  • La gestion des cultures est plus efficace.
  • Elles coûtent plus cher à construire.
  • Les coûts de chauffage sont 25 % inférieurs à ceux des serres individuelles pour une surface équivalente (système de chauffage centralisé).
  • Il existe un risque d’accumulation de neige dans les gouttières.

Outre le choix de l’emplacement et du type de serre à construire, il y a d’autres facteurs à considérer, comme le type de matériau de couverture pour la serre, les systèmes de contrôle de l’environnement (chauffage, ventilation, CO2, éclairage, fertigation et autres) et les différents systèmes de production.

Pour avoir de l’information sur le démarrage d’une entreprise agricole, communiquez avec les conseillers du MAPAQ spécialisés en démarrage et en relève agricole.

Le MAPAQ et le réseau Agriconseils de votre région offrent plusieurs services d’accompagnement et de soutien. N’hésitez pas à les contacter pour bénéficier de services adaptés à vos besoins!

Photo Mahmoud Ramadan, MAPAQ


Texte intégral : journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 7 février 2019

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Dernière mise à jour : 2019-03-26

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