Parlons potassium!

Yvan Faucher
Conseiller en grandes cultures
MAPAQ Montérégie-Est

Le potassium (K) fait partie des trois éléments majeurs nécessaires à la croissance des plantes avec l’azote et le phosphore. Il joue un rôle important dans le métabolisme de l’azote et la fabrication des protéines et contribue à la résistance aux maladies et à la sécheresse.

Réservoirs de potassium dans le sol

Dans le sol, on retrouve trois réservoirs de potassium :

  • Réservoir 1 - Le potassium échangeable (1 à 2 % du potassium du sol). C’est ce potassium que l’on retrouve sur votre analyse de sol et qui est disponible à la plante dans la solution du sol et sur les sites d’échanges cationiques.
  • Réservoir 2 - Le potassium fixé (1 à 10 % du potassium du sol). Ce réservoir contient le K fixé à l’intérieur des feuillets d’argile. À la suite des cycles de gel et de dégel et de l’alternance des périodes sèches et humides, le K fixé sera lentement libéré vers le réservoir 1.
  • Réservoir 3 – Le potassium de réserve (90 à 98 % du potassium du sol). Il s’agit du K contenu dans les minéraux du sol. Il se libère très lentement. Les sols argileux de la Montérégie en possèdent d’énormes quantités qui contribuent à la richesse du sol.

D’une certaine manière, on peut dire que ces trois réservoirs sont des « vases communicants ». De fait, lorsque la concentration du K dans la solution du sol diminue,  le réservoir 2  rééquilibre le réservoir 1. À son tour, le réservoir 3 rééquilibre le réservoir 2.  

Potassium et types de sol

Le type de sol influence la quantité de K disponible. Plusieurs sols argileux naturellement riches en K  possèdent des niveaux de K disponible élevés ne nécessitant aucun apport. Quant aux sols pauvres en argile et matière organique, ils ont généralement des réserves en K moins élevées. Ces types de sol pourront nécessiter des applications de K, et ce, de façon plus fréquente. Il est important de comprendre que le K ne sera pas géré de la même façon dans les sols lourds que dans les sols légers. La rétention du K dans le sol dépend de la capacité d’échange cationique (C.E.C.) qui est en lien direct avec le pourcentage  d’argile et de matière organique. Un sol lourd pourra retenir et donc fournir plus de K qu’un sol léger. Lors de l’application de K sur un sol léger, que ce soit sous forme d’engrais organique ou chimique, le K sera moins retenu et on observera plus de pertes par lessivage. C’est pourquoi il n’est pas recommandé d’appliquer du K à l’automne en sol plus léger (C.E.C < 12).

Absorption du potassium par la plante

D’autres facteurs peuvent influencer l’absorption du K.  Par exemple, un sol mal aéré, mal égoutté ou compacté ne permettra pas un bon développement racinaire et empêchera les racines d’explorer le profil de sol, donc d’absorber plus de K. Contrairement au phosphore, le niveau de K échangeable (disponible) demeure assez substantiel dans le profil de sol (voir tableau 1). Il est donc extrêmement important de favoriser le développement racinaire en profondeur de la culture et ainsi d’aller chercher le K où il se trouve. Les périodes de sécheresse aussi vont ralentir le mouvement du K vers les racines.

Essais en Montérégie-Est

Plusieurs producteurs se posent des questions : « Est-ce que le sol fournit suffisamment de potassium à la culture? Est-ce que mes applications de potassium sont suffisantes? » La meilleure façon de le savoir est d’interroger la principale intéressée : la plante.

Dans onze fermes de la Montérégie-Est,  des suivis dans la culture de maïs-grain ont été réalisés afin  de vérifier le niveau de K dans la plante à l’aide d’analyses foliaires au stade plantule (5-6F) et au stade sortie des soies. Par la même occasion, le potentiel d’analyse du K à l’aide d’un outil diagnostic portatif a été évalué. L’outil, pouvant être utilisé par un  conseiller agricole,  permet d’évaluer le niveau de K en ppm de n’importe quel liquide. Il s’agit simplement d’extraire du liquide du feuillage prélevé. Le résultat peut être disponible en moins de 24 heures. Étant donné la mobilité du cation K+ dans la plante, il est important de suivre une méthodologie rigoureuse dans l’exécution du test.

Les types de sol variaient de léger à lourd et, par le fait même, les niveaux de richesse du sol variaient de 37 à 539 kg/ha. Les apports de K différaient aussi d’un producteur à l’autre. Le tableau 2  présente les niveaux de K du sol, la recommandation selon le guide de fertilisation du CRAAQ, l’apport réel du producteur et les pourcentages de K dans la plante aux deux stades de croissance. Le tableau 3 présente les niveaux de suffisance de K nécessaires à une bonne santé du plant. Tous les échantillons analysés possèdent des niveaux de K suffisants. On retrouve même cinq sites ayant des niveaux de K au stade plantule allant au-delà du niveau de suffisance.

En ce qui concerne l’outil diagnostic, on a observé un lien direct entre l’analyse fournie par celui-ci (en ppm) et l’analyse en laboratoire (en pourcentage). L’utilisation de l’outil diagnostic est très prometteuse pour vérifier rapidement la concentration en K dans la plante. Une autre année d’essais sera nécessaire pour déterminer l’intervalle de suffisance de l’outil dans le maïs. Il serait aussi intéressant de calibrer l’outil afin de l’utiliser dans le soya.

Diagnostic avant correctif

Les carences en K  sont généralement observées dans des sols légers, faibles en matières organiques. Il est important de bien diagnostiquer la cause de la carence, car parfois, le niveau de K  du sol est suffisant mais, pour diverses raisons (sécheresse, mauvais développement racinaire, maladies racinaires, etc.), le plant présentera  des signes de carences. Dans ces cas, les apports de K additionnels ne seront d’aucun secours puisque la plante ne sera pas en mesure de l’absorber.

Il est aussi plus probable d’observer des carences en magnésium (Mg) causées par un excès de K à la suite d’une application excessive d’engrais organique et/ou d’un chaulage excessif. Le contraire peut cependant être observé : un niveau de Mg trois ou quatre fois plus élevé que le K pourrait occasionner des carences en K.

Finalement, il est inutile de corriger une carence en K  à l’aide d’application liquide foliaire, car la quantité de K apportée ne sera pas suffisante. Le muriate de K  (KCl ou 0-0-60) utilisé à la volée est rapidement disponible à la plante (après une précipitation bien sûr) et apportera suffisamment d’unités de K  pour combler les besoins.

Tableau 1. Niveau de K et P pour 3 profondeurs et 3 types d'argile

Niveau de K et P pour 3 profondeurs et 3 types d'argile

Tableau 2. Essais dans 11 sites de la Montérégie-Est

 Site Analyse de sol (kg/ha)   Recommandation CRAAQ (kg/ha) Application réelle totale (kg/ha)  % K - 6F  % k - soies 
 1  539  0  35  3,2  2,2
 2  530  0  0  2,9

 2,2

 3  445  40  0  2,5  2,4
 4  378  40  30  4,3  2,2
 5  260  40  55  2,7  2,3
 6  255  40 71  4,4  2,5
 7  234  40  0  4,2  2,4
 8  179  60  65  4,2  2,5
 9  104  60  32  3,8  2,0
 10  72  80  48  4,2  2,3
 11  37  80  64  3,7  1,9
  

Tableau 3. Norme d’analyses du feuillage pour le potassium dans le maïs (%)
 

 Culture Stade de croissance  Minimum (%)  Maximum (%) 
 Maïs Plantule (5-6F)  2,5 (Cornell, N-Y)  4,0 (Cornell, N-Y) 
   Apparition des soies

1,7 (Québec)
1,2 (Ontario)
1,7 (Cornell, N-Y) 

2,5 (Québec)
2,5 (Ontario)
2,5 (Cornell, N-Y)

 

 
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Dernière mise à jour : 2017-07-27

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