Le choix de ses hybrides de maïs-grain

Gilles Tremblay, agronome
MAPAQ Montérégie


La culture du maïs-grain occupe annuellement plus ou moins 400 000 ha des terres agricoles ensemencées en grandes cultures au Québec. Puisque le coût des semences constitue une proportion importante dans le coût de production de cette culture, les producteurs doivent choisir judicieusement les hybrides qui seront ensemencés sur leurs entreprises. Plusieurs critères devraient être respectés au cours de cette sélection.

Un premier critère incontournable : les hybrides choisis doivent être adaptés à la zone où ils seront ensemencés. Des hybrides trop tardifs pour la zone risquent de ne pas parvenir à la maturité physiologique avant les premiers gels mortels d’automne. À l’opposé, des hybrides trop hâtifs pour la zone risquent d’être moins productifs que des hybrides bien adaptés pour la zone. Au Québec, le système de classification de l’adaptabilité des hybrides de maïs-grain a été développé autour de l’indice de l’unité thermique maïs (UTM). Les hybrides de maïs-grain sont donc classés en fonction de l’accumulation des UTM depuis le semis jusqu’à l’obtention de la maturité physiologique. Les cotes en UTM sont attribuées aux différents hybrides par chacune des compagnies semencières.

Depuis 2010, ces compagnies semencières utilisent aussi un autre indice : l’indice de maturité relative (MR). Cet indice représente le nombre de jours nécessaire à un hybride pour atteindre la maturité comparativement à une série d’hybrides de maturité généralement bien connu. Enfin, depuis 2009, le réseau maïs-grain des Réseaux grandes cultures du Québec (RGCQ) publie la date d’obtention de la maturité physiologique de chacun des quelques 300 hybrides qu’il évalue annuellement. La date d’obtention de la maturité physiologique correspond à l’atteinte du point noir chez le grain de maïs. Ce point noir apparaît lorsque la teneur en eau des grains atteint le
seuil de 35 %.

Un second critère : le rendement en grains. Des hybrides de maturité similaire ne procurent pas automatiquement des rendements similaires. Les producteurs ont accès à différentes sources de données pour vérifier la performance des hybrides disponibles sur le marché. Les données des compagnies semencières sont l’une de ces sources. Une seconde source provient des données du réseau maïs du RGCQ. Bien que le RGCQ évalue près de 300 hybrides annuellement, ce nombre ne représente qu’une faible proportion de tous les hybrides disponibles aux producteurs (plus d’un millier!). Le producteur peut aussi réaliser des essais à la ferme pour cibler les hybrides les plus performants sur son exploitation agricole. Toutes ces sources devraient être consultées pour réaliser des choix éclairés.

Un troisième critère : la qualité des grains récoltés. Le maïs est classé selon le poids spécifique des grains observés à la récolte et il est exprimé en kilogrammes à l’hectolitre. Certains utilisateurs et acheteurs de grains recherchent du maïs avec un poids spécifique élevé pour répondre aux besoins de certains marchés spécifiques. La qualité des grains est aussi déterminée par la présence ou l’absence de toxines dans les grains suite au développement de maladies chez le maïs-grain. Les compagnies semencières sont pratiquement les seules qui puissent actuellement apporter des informations relatives à la tenue de leurs hybrides face à certaines maladies. Des hybrides tolérants ou résistants à une ou plusieurs maladies ont généralement un faible indice de verse, ce qui se traduit par de meilleures conditions de battage à la récolte.

Enfin, beaucoup d’intervenants agricoles croient que le choix des hybrides les plus tardifs pour une zone de production donnée permet assurément d’obtenir de meilleurs rendements. L’analyse objective des données des 10 dernières années des réseaux du RGCQ ne confirment pas cette croyance populaire. Les hybrides les plus tardifs ne procurent pas automatiquement les meilleurs rendements, ni d’ailleurs les hybrides les plus hâtifs d’une même zone. Il est par contre relativement clair que les hybrides les plus tardifs sont généralement les plus humides à la récolte, ce qui peut faire augmenter les coûts de séchage. En plus d’être plus humides et de ne pas donner nécessairement de meilleurs rendements, les hybrides plus tardifs ont souvent des poids spécifiques des grains plus faibles que les hybrides hâtifs ou les hybrides adaptés à la zone.

 

Des hybrides adaptés, ni trop hâtifs ou trop tardifs à une zone, peuvent aussi permettre de réaliser des récoltes plus hâtives et souvent dans de meilleures conditions pour le sol que des hybrides tardifs.



 

 

 

 

Texte intégral : journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 23 août 2018

 
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Dernière mise à jour : 2018-10-22

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