​​Et si « production maraîchère » rimait avec « cultures intercalaires »​

​Par ​Isabelle Couture, conseillère en horticulture maraîchère, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Tous les producteurs maraîchers connaissent les mérites des cultures de couverture. Par contre, pour plusieurs, les cultures horticoles sont souvent récoltées trop tard pour implanter ces précieux alliés.

Et si les cultures intercalaires étaient intégrées aux cultures maraîchères comme les tomates tuteurées, les cerises de terre, les aubergines et les poivrons? Il serait ainsi possible de profiter des avantages de ces engrais verts!

Depuis plusieurs années, des producteurs de tomates de la Montérégie et des Laurentides introduisent un mélange de graminées entre leurs rangs de tomates. L’avantage immédiat : ne plus avoir à appliquer d’herbicide. Terminés les risques de dérive ou de phytotoxicité! Autre avantage : les cueilleurs sont heureux puisqu’ils ne récoltent plus leurs fruits et légumes dans la boue et que leurs paniers et le fruit de leur récolte restent propres. Plusieurs autres bénéfices peuvent également être observés tout au long de la saison. D’ailleurs, dans le cadre d’un projet d’introduction de ray-grass intercalaire dans la culture de tomates tuteurées, l’entreprise Potager Mont-Rouge a pu mesurer les avantages de cette introduction.

Deux taux de semis de ray-grass annuel turf-type ont été comparés à une parcelle témoin sans ray-grass, soit 35 kg/hectares (ha) et 60 kg/ha. Le ray-grass a été semé dans l’entre-rang, après la plantation des tomates, au début juin. Il a été semé à l’aide d’un tracteur à gazon muni d’un semoir à la volée et de déflecteurs pour limiter le semis à l’entre-rang. Avant le début de l’essai, la vitesse du tracteur et l’ouverture du semoir ont été réglées afin d’obtenir les doses de semis désirées, puis les graines ont été laissées à la surface. Des entre-rangs sans ray-grass ont été laissés dans la parcelle pour comparer diverses mesures liées aux propriétés du sol, avec ou sans ray-grass.

Le ray-grass s’est rapidement implanté dans les entre-rangs, pour les deux taux de semis. Au mois de juillet, les entre-rangs dans lesquels le ray-grass avait été semé présentaient une couverture végétale vigoureuse, et les mauvaises herbes y étaient peu nombreuses.
 

Effets du ray-grass sur les propriétés du sol

​Macroporosité et masse volumiq​ue apparente du sol

Un des nombreux avantages des cultures intercalaires de graminées est l’amélioration de la structure du sol et de son aération. Les racines fasciculées, surtout concentrées dans les 10 premiers centimètres (cm) du sol, augmentent la macroporosité essentielle à une bonne aération et au drainage du sol. Pour mesurer cet effet, la masse volumique apparente de la surface du sol (0-6 cm) des divers traitements a été comparée. Pour prélever un échantillon de sol, un cylindre creux de 6 cm de hauteur par 6 cm de diamètre est enfoncé dans le sol. Le sol non perturbé est ensuite séché et pesé. Pour un même type de sol, plus la masse volumique apparente exprimée en gramme par cm3 est faible, plus le sol est aéré.

Dans ce cas-ci, la masse volumique apparente du sol était significativement plus faible pour les entre-rangs semés à un taux de semis de 60 kg/ha par rapport au témoin (1,62 g/cm3 et 1,73 g/cm3 respectivement) en juillet. Le taux de semis de 35 kg/ha (1,68 g/cm3) ne se démarquait pas des deux autres traitements. Le semis de 60 kg/ha de ray-grass a donc augmenté significativement la quantité de macropores du sol par rapport à celle de la parcelle témoin. Les masses volumiques apparentes mesurées sont élevées, car les entre-rangs subissent une compaction par le passage des cueilleurs et de la machinerie agricole.

Porosité et infiltration de l’eau

Si la porosité du sol est plus grande, la capacité de stockage d’eau du sol et sa perméabilité sont généralement augmentées. Par conséquent, lors d’une forte pluie, le risque de ruissellement est atténué. Pour mesurer cet effet, la conductivité hydraulique du sol à 10 cm de profondeur dans les entre-rangs des différents traitements a été comparée. Dans l’essai, la conductivité hydraulique du sol a été mesurée à l’aide d’un perméamètre de Guelph, à la fin juillet. Cet instrument permet d’évaluer la facilité qu’a un sol saturé de transmettre l’eau à travers ses différentes couches.

Selon les résultats obtenus, l’infiltration de l’eau dans le sol est significativement supérieure dans l’entre-rang avec 60 kg/ha de ray-grass que celle de la parcelle témoin sans couverture végétale (0,037 cm/heure (h) et 0,003 cm/h respectivement). Le taux de 35 kg/ha (0,02 cm/h) ne se démarquait pas des deux autres traitements. Il est normal que les conductivités hydrauliques mesurées dans les entre-rangs plus compactés soient plus faibles que celles qui sont habituellement mesurées en plein champ.

Bienfaits des cultures intercalaires

En plus de diminuer les herbicides, d’accroître le confort des cueilleurs et de diminuer l’érosion hydrique et éolienne, les résultats des mesures confirment qu’une culture intercalaire de ray-grass, à un taux de semis de 60 kg/ha, augmente l’aération du sol par rapport à celui de la parcelle témoin sans couverture végétale. L’augmentation de la porosité, quant à elle, accroît l’infiltration de l’eau, diminue le ruissellement et accroît la capacité de stockage d’eau du sol.
 

Importance des pratiques durables

​Si ce type de pratique agroenvironnementale vous intéresse, communiquez avec un conseiller du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) qui pourra vous outiller dans l’intégration de ces nouvelles méthodes. En accélérant l’adoption de pratiques agricoles durables dans votre entreprise, vous répondrez aussi aux attentes des consommateurs, qui souhaitent s’approvisionner de produits ayant moins d’effets sur l’environnement. Pensez-y bien!



 
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Dernière mise à jour : 2022-04-11

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