Des gains à court terme dans la production de maïs

Louis Robert, agronome, M. Sc.
Conseiller régional en grandes cultures
MAPAQ Montérégie 

La mesure des nitrates dans le sol au moment où le maïs atteint six feuilles permettrait de réduire substantiellement la quantité d’azote (N) appliquée, sans affecter le rendement. Un projet mené en 2017 par le CCAE Agri-Conseils Maska, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), sur six champs de maïs répartis sur le territoire, démontre en effet qu’en moyenne, 150 kg N/ha auraient suffi, plutôt que les 200 kg N/ha normalement recommandés. Ce qui représente une économie d’au moins 50 $/ha.

Évidemment, à cause du comportement très variable de l’azote dans le sol, autant dans le temps que d’un champ à l’autre, un tel constat ne peut être généralisé à l’ensemble des situations : on doit effectuer une analyse des nitrates pour chaque champ et pour chaque saison, où l’on veut ajuster la quantité d’azote à ajouter selon la capacité du sol à fournir (par la minéralisation de l’azote organique) les nitrates nécessaires. Cela fait toutefois deux saisons consécutives que le test démontre sa pertinence sous nos conditions. En 2016, une année propice à la contribution naturelle des sols à l’azote disponible, l’utilisation du test aurait permis d’éliminer complètement l’azote en post-levée sur la moitié des champs à l’étude et de réduire significativement la dose dans l’autre moitié des sites.

Figure 1. Comparaison des doses totales (semis + post-levée) d’azote recommandées selon 5 méthodes avec la dose économique optimale vérifiée (« DÉO »), sur 6 fermes de la Montérégie en 2017. PAEF : dose recommandée dans le plan de fertilisation; Webscan : selon le modèle mathématique « Webscan »; « Nitrachek » et « SoilScan 360 » : selon les nitrates dans le sol au stade 6 feuilles du maïs (V6), tels que mesurés soit avec une trousse portative, soit avec un appareil automatisé; « INA » : selon la concentration en nitrates dans les tissus du maïs à V8.


Autrement dit, si en 2016 seulement la dose au démarrage (autour de 50 kg N/ha) avait suffi pour l’atteinte du rendement économique maximal, en 2017, il a fallu ajouter 100 kg N/ha en post-levée aux 50 kg N/ha du démarreur, mais toute dose supplémentaire n’a pas engendré de gain économique significatif.

Les autres méthodes n’ont pas donné de résultats satisfaisants, soit parce qu’elles surestimaient (Webscan, SoilScan 360) ou sous-estimaient (INA) la dose nécessaire. À noter également la dose recommandée de façon conventionnelle (PAEF), c’est-à-dire ne faisant intervenir aucun des outils d’aide, n’a dans aucun cas causé de perte de rendement.

Un autre enseignement instructif de ce projet découle du « rendement relatif » mesuré pour chaque site, soit le rapport du rendement sans azote en post-levée sur le rendement maximum obtenu avec azote. Cette valeur a varié de moins de la moitié pour le site 4 à près de 90 % pour le site 1 (Figure 2). Or, il est proposé de plus en plus par la recherche qu’il s’agit d’un indicateur fiable de l’état de santé d’un sol. Selon cette hypothèse, le sol du champ numéro 4 serait en moins bonne santé que celui du premier site. Aussi, bien qu’étant celui affichant le rendement maximum le plus élevé, les défauts (structure, aération, etc.) du numéro 6 ne lui permettent de produire que les deux tiers de son potentiel.


Figure 2. Rendements sans azote autre que celui de l’engrais de démarrage (« Rdt sans N »), maximum avec azote (« Rdt max »), et relatif, pour les 6 sites.

Cette idée de rendement relatif est à la base d’un projet de réseau de « parcelles sentinelles » d’azote pour 2018 : prévoir, dans autant de champs de maïs que possible, une lisière de longueur et de largeur (nombre de rangs de la batteuse, par exemple) suffisantes pour mesurer le rendement, sans apport d’azote autre que celui de l’engrais de démarrage. Les seules mesures à prendre seraient les nitrates dans le sol (pré-semis, post-levée et post-récolte) et les rendements en grains de la parcelle sans azote et du champ fertilisé normalement. Cela suffirait pour générer une foule d’informations cruciales pour mieux comprendre les principes régissant la nutrition azotée du maïs.

L’auteur remercie les nombreux collaborateurs à ce projet : les producteurs Alain Bazinet, Alexandre Benoit, Michel Brouillard, Francis Dion, Sylvain Fabris, Sylvain Giard et Martin Girouard; les agronomes du CCAE Agri-Conseils Maska Geneviève Giard, Mélanie Hardy, Véronique Leclerc, Patricia Leduc, et du MAPAQ Yvan Faucher, ainsi que Édith Fallon et Gaétan Parent d'AAC.

Texte intégral : journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 4 janvier 2018

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Dernière mise à jour : 2018-02-08

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