Marie-Ève Dubuc, agr.
Conseillère en production animale
MAPAQ Montérégie
Avec l’engouement que connaissent les produits alimentaires de niche auprès des consommateurs, nous voyons de plus en plus d’entreprises se tourner vers des élevages ou des cultures avec un mode de production alternatif (non conventionnel) dans le but de répondre à ce besoin. Dans le cas des élevages d’animaux de boucherie, les modes de production alternatifs qui gagnent en popularité sont la régie où les animaux sont élevés en liberté, la régie avec accès à l’extérieur et alimentés avec de l’herbe et finalement la régie biologique. Un des objectifs visés par ces différents modes est de fournir un environnement où l’animal pourra démontrer aisément des comportements naturels, ce qui est respectueux du bien-être animal.
L’intérêt d’offrir un produit différencié est également présent dans la production porcine. En Amérique du Nord, des jeunes agriculteurs démarrent leur entreprise avec une production qui se démarque (porc à l’ancienne). Nous voyons aussi des entreprises existantes, notamment en production de légumes biologiques vendus en paniers hebdomadaires, qui souhaitent diversifier leur offre de produits en ajoutant l’élevage de porc à l’extérieur. Ou simplement des entreprises spécialisées en production porcine qui désirent répondre à la demande de viande de porc biologique. Rappelons que dans la norme biologique en vigueur au Canada, les porcs doivent avoir accès à des aires d’exercices extérieurs. L’utilisation de pâturage est recommandée, cependant elle n’est pas obligatoire.
Une étude de 2017 aux États-Unis portait sur l’analyse de la littérature scientifique existante sur le sujet de l’élevage de porcs à l’extérieur1 . Les chercheurs sont arrivés à la conclusion qu’il ne semble pas avoir de différence significative entre les performances à la mise bas des truies de la même race gardées à l’extérieur comparativement à celles en bâtiments. Cependant, les truies gardées à l’extérieur sont plus actives et s’éloignent de la portée, ce qui peut avoir une incidence sur les risques d’écrasement des porcelets et générer de moins bons soins maternels et des porcelets plus faibles. Alors que le taux de mortalité à la mise bas était comparable, le taux de mortalité au sevrage était plus élevé pour les portées des truies gardées en plein air. Au niveau de la croissance des porcelets, les études confirment que les porcs élevés à l’extérieur sont plus actifs, marchent et jouent plus que les porcs élevés à l’intérieur. La conséquence est que les porcs ont besoin de manger une plus grande quantité de nourriture pour atteindre le poids visé, quoi qu’il puisse y avoir une variabilité selon la saison de l’élevage, les conditions climatiques et le sexe des porcs.
Autrement dit, beaucoup d’autres points doivent être regardés avant de se lancer dans cette production afin de bien comprendre le fonctionnement de ce type d’élevage, les avantages et les désavantages. Pour les producteurs qui font l’élevage de porcs sous un mode de production alternatif, le fait de nourrir les porcs ou les truies avec de l’herbe, fraîche ou récoltée, peut avoir une incidence sur les paramètres de performances et ainsi de profitabilité. Le Centre de recherche et de développement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Sherbrooke abrite actuellement des essais sur l’élevage de porcs en plein air. Leurs futurs résultats de recherche permettront d’en apprendre d’avantage sur l’alimentation fourragère des porcs et sur le type de logement.
1 Park H.-S. et al. 2017. Research trends in outdoor pig production – a review. Asian-Australisian Journal of Animal Science Vol. 30, No. 9. 1207-1214. September 2017
Texte intégral: journal Gestion et technologie agricoles (GTA), 19 juillet 2018