Par Marie-Eve Bernard, agronome, et Ghislain Poisson, agronome, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
Les cultures de couverture jouent plusieurs rôles importants et essentiels dans la santé des sols, soit de recycler les éléments fertilisants, d’améliorer la structure et la fertilité des sols et, finalement, de les protéger contre l’érosion hydrique et éolienne. Les espèces choisies, la date de semis et le mode d’implantation influenceront la quantité de biomasse produite à l’automne. La date du premier gel mortel aura une incidence notable sur la biomasse des cultures de couverture annuelles. À titre d’exemple, en 2018 et 2019, la neige et le gel sont arrivés relativement tôt, laissant des biomasses de cultures de couverture beaucoup moins importantes qu’en 2020 et 2021.
L’automne plus chaud de 2021 a permis une croissance prolongée des cultures de couverture, et plusieurs producteurs agricoles ont craint pour la culture suivante en raison de l’importante biomasse présente au champ. Certains d’entre eux ont choisi de la détruire avant l’hiver, alors que de la laisser en place offre souvent une protection du sol pendant l’hiver sans nuire à sa préparation et à l’implantation de la culture commerciale.
La quantité de biomasse produite au champ à la fin de l’automne ne représente pas toujours un indicateur fiable de ce qu’il va rester au printemps suivant. Il ne faut pas seulement se fier à ce que l’on voit à la fin de l’automne pour prédire la quantité de résidus de cultures de couverture. Par exemple, le radis fourrager et le sarrasin ne laissent que très peu de résidus à la surface du sol au printemps. La moutarde, le kale et la féverole laissent plus de biomasse au champ. Ces résidus restent debout à la fonte des neiges, ce qui permet au sol de se réchauffer aussi rapidement qu’un sol sans résidus. Ces mêmes résidus sont également très secs au moment d’effectuer les travaux de préparation du sol (ou au moment du semis en semis direct), ce qui ne nuit aucunement aux travaux.
Les céréales de printemps sont des espèces qui laisseront une quantité appréciable de résidus au printemps, ce qui ne constitue pas un problème en soi. Cependant, comme ces résidus ont tendance à se coucher près du sol, ils peuvent en ralentir le réchauffement. Ils offrent toutefois une meilleure protection des sols contre l’érosion hydrique causée par les gouttes de pluie. Les semis purs de céréales de printemps au début du mois d’août peuvent produire une quantité nuisible de résidus au printemps suivant.
Il est donc essentiel de différencier les cultures dont les résidus resteront debout et celles dont les résidus seront plus près du sol, car leurs effets sur la reprise au printemps et la préparation de sol sont très différents. Si possible, il est souhaité de privilégier des mélanges avec au moins une espèce qui laissera des résidus debout.
L’implantation d’un mélange d’espèces ainsi qu’un bon choix de taux de semis en fonction de la date sont à privilégier afin de protéger le sol pendant l’hiver et le printemps suivants, tout en permettant d’implanter facilement la prochaine culture. Les mélanges provenant de différentes familles de plantes (crucifères, légumineuses, graminées, composées, etc.) favorisent également la production de réseaux racinaires variés, qui auront un effet encore plus positif sur la santé des sols.
Au printemps 2022, des visites effectuées sur le terrain dans des parcelles de culture de couverture soutenues par le programme Prime-Vert ont révélé que les situations problématiques pour l’implantation de la culture suivante sont très peu fréquentes. Pour prévenir les mauvaises surprises, discutez-en avec votre conseiller agricole ou consultez le nouveau
Guide des cultures de couverture en grandes cultures produit par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec.