​​Les agrotransformateurs face à la COVID-19 – partie 1​

​Par Abdel Ahraiba, ing., conseiller en transformation alimentaire, de la Direction régionale de la Montérégie-Est du MAPAQ

En mars dernier, un grand nombre d'entreprises ont dû mettre leurs activités sur « pause » afin d'aider les autorités gouvernementales à lutter contre la propagation de la COVID-19. Les entreprises de transformation alimentaire ont traversé cette période inédite et très difficile à des degrés variables.

Les entreprises de transformation alimentaire qui ont le « secteur HRI » (hôtels, restaurants et institutions) comme principal client ont vu leurs ventes s'effondrer du jour au lendemain, alors que celles qui commercialisent leurs produits dans les épiceries ou en ligne ont plutôt fait face à une demande subite et accrue. Cette croissance s'est accompagnée, pour nombre d'entreprises, d'un manque criant de travailleurs et de l'obligation de s'adapter rapidement aux nouvelles règles sanitaires.

Durant cette crise unique, les entreprises de transformation alimentaire ont affronté des défis jamais relevés auparavant et la plupart ont faire preuve d'une grande résilience. La crise leur a permis de revoir et d'améliorer leurs méthodes de travail, mais aussi leurs façons de collaborer avec les autres maillons de la chaîne bioalimentaire que représentent les fournisseurs, les distributeurs, les commerçants et les consommateurs. La crise a aussi marqué les entrepreneurs, et ce, dans les différents aspects de leur vie familiale et de leurs activités professionnelles.

Dans cette série d'articles, vous apprendrez comment certains entrepreneurs de la Montérégie ont vécu cette période dans leur entreprise et quels sont les faits marquants qui ont eu une incidence sur leur façon de voir les choses avec cette nouvelle réalité.

Le premier entrepreneur qui a voulu témoigner de son expérience est M. Hugues Ouellet, copropriétaire de la microbrasserie Farnham Ale & Lager. Cette entreprise, située à Farnham, connaît une croissance soutenue depuis sa création en 2013, en partie grâce à la diversité de son offre de produits et à la mission que s'est donnée l'entreprise, soit de continuer à reproduire le plus fidèlement possible les types et les styles des bières représentatives des grandes régions du monde. Ses produits sont distribués dans plus de 1500 points de vente, notamment dans des épiceries et des boutiques spécialisées.

« On est tous tombés dans l'inconnu, nous [les entrepreneurs], les consommateurs, les distributeurs, tous faisions face à l'inconnu », lance d'emblée M. Ouellet, quand on évoque la semaine du 23 mars 2020. L'entreprise a arrêté complètement ses activités pendant un mois et a vu ses ventes chuter de 60 % du jour au lendemain. Durant cette période, l'entreprise fonctionnait avec seulement 3 employés, plutôt que les 20 personnes en temps normal, pour les opérations de brassage et de conditionnement et pour la livraison.

La reprise des activités de l'entreprise a été graduelle, tout le comme le rappel des employés. Cependant, l'arrêt de la production a causé un retard de deux mois et une rupture de stock importante qui a été difficile à rattraper. Fort heureusement, au mois de juin, l'entreprise a réussi à rappeler tous ses employés et a ainsi pu atteindre un niveau de production comparable à celui d'avant la COVID-19, juste à temps pour l'ouverture du pub de l'entreprise, ce qui a permis de sauver la haute saison.

« Nous avons connu un très grand achalandage à notre pub avec des gens du Québec, mais aussi avec beaucoup de gens de l'Ontario. Mais, comme la plupart des entreprises, nous avons fait face au manque de main-d'œuvre, surtout dans notre pub. Cependant, on a aussi remarqué que nos clients comprenaient la situation et qu'ils étaient tolérants avec nos employés. »

« Cette crise m'a aussi fait me remettre beaucoup en question, comme entrepreneur, et pas seulement moi, mais d'autres de mes collègues et amis entrepreneurs aussi, poursuit M. Ouellet. Maintenant, on remet en question nos budgets, nos dépenses et nos investissements, on pose et repose la question : est-ce que c'est essentiel, est-ce que c'est viable, etc.? »

Lorsqu'on lui demande quelles leçons il a pu tirer de cette crise, M. Ouellet affirme que celle-ci a aussi contribué à humaniser ses rapports avec ses employés. Il poursuit en affirmant que, sans s'immiscer pour autant dans leurs vies privées, il prend plus le temps de s'informer pour savoir comment ils vont. « On sent et on voit que, pour eux autres aussi, c'est difficile parfois, alors on essaie d'avoir un climat favorable à l'écoute », conclut-il.

Au moment d'écrire ces lignes, l'entrepreneur fait valoir qu'il fait face encore une fois à l'inconnu, alors qu'une grande partie de ses ventes dépend des festivités de Noël. Ayant opté pour une diversification de son marché et pouvant s'appuyer sur un noyau d'employés fidèles, M. Ouellet estime toutefois avoir bien traversé la crise et voit le futur avec optimisme.​

​M. Hugues Ouellet, co-propriétaire de la microbrasserie Farnham Ale & Lager. 


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Dernière mise à jour : 2021-02-08

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