​La collaboration au coeur du développement d'entreprise​

​Par Julie Pivin, conseillère en transformation alimentaire, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Plusieurs éléments sont déterminants pour le succès d'un produit alimentaire : l'innovation, la qualité, la primeur, un prix concurrentiel, mais surtout, la nécessité de répondre aux besoins des consommateurs. Au-delà des ressources financières, quelques paramètres se sont complexifiés en ce qui concerne la sortie ou la longévité d'un produit sur le marché. D'abord, les valeurs de la clientèle, les tendances alimentaires et la technologie évoluent à un rythme effréné. Puis, la disponibilité des ingrédients et la rareté de la main-d'œuvre, et de son expertise, sont des enjeux majeurs. Enfin, la diversité des produits offerts et leur facilité d'accès constituent des éléments qui s'ajoutent à la complexification du développement d'entreprise.

Les petites et moyennes entreprises, pour qui les ressources sont souvent plus limitées, peuvent-elles continuer de se développer et d'évoluer tout en jonglant avec ces paramètres? Dans une telle situation, la collaboration sous toutes ses formes devient une avenue intéressante pour ces entreprises qui peuvent bénéficier des connaissances et de l'expertise des acteurs du milieu. Voici quelques approches collaboratives, bien qu'elles ne soient pas récentes, qui valent la peine d'être revisitées.

Quelques mots sur les approches collaboratives

Les approches collaboratives se déclinent sous plusieurs formes. On y retrouve, entre autres, le développement collaboratif, qui requiert l'implication de toutes les ressources internes d'une entreprise, incluant la clientèle. Ces ressources sont essentielles à l'obtention d'une vision à 360 degrés d'un service ou d'un produit à élaborer. L'innovation ouverte, ou Open Innovation en anglais, est également une approche qui ne devrait pas être sous-estimée. Elle introduit le concept de partage entre entreprises tout en considérant que les experts ne se trouvent pas toujours au sein d'une entreprise et qu'il est plus important de répondre au besoin de la clientèle que d'être le premier sur le marché. Puis, dans le portrait global des approches collaboratives, on peut aussi exploiter le concept de l'économie collaborative, qui, selon le ministère de l'Économie et de l'Innovation, « modifie considérablement la façon dont nous produisons, consommons, finançons et apprenons. » (2018)

Les appréhensions face à la collaboration

Les entreprises en démarrage ont plus de difficulté à mettre en application les pratiques collaboratives. Pour faire participer l'équipe, il faut en avoir une! Dans la majorité des cas, les équipes sont restreintes alors que l'expertise, l'énergie ainsi que les réseaux sont limités, que l'émotion est à son maximum et que la clientèle est mal définie ou en développement, donc plus difficile à consulter.

Lors d'une première expérience entrepreneuriale, les incertitudes sont nombreuses et légitimes sur le fait de partager ses idées. Pourquoi faire valider son instinct et ses intuitions? Pourquoi risquer de briser la confidentialité de son projet et d'en perdre l'exclusivité? Pourquoi investir des sommes qu'on ne possède pas encore? Tous ces facteurs sont insécurisants, mais les avantages des approches collaboratives sont non négligeables.

Les bénéfices de la collaboration

Profiter d'un réseau collaboratif, c'est profiter de la force du nombre, d'une expertise professionnelle et complémentaire sur les marchés et les besoins des clients, d'équipements de pointe et d'interprétations neutres de la mesure du succès ou de l'échec de son produit. Cette démarche confidentielle et basée sur l'éthique professionnelle permet de gagner du temps et de l'argent.

Des approches collaboratives qui ont fait leurs preuves​

Peu importe le niveau d'innovation d'un projet ou la taille d'une entreprise, les ressources et les organismes suivants peuvent favoriser son développement :

​1) Le mentorat

Simple, accessible et généralement gratuit, il se fonde sur le partage d'expériences vécues et sur l'expertise d'un promoteur ou d'un conseiller en entreprise. Le Centre local de développement, la Société d'aide au développement des collectivités et Femmessor sont des exemples d'organismes où trouver du mentorat.

2) Les incubateurs d'entreprises

Ces ressources aident les entreprises en démarrage ou en croissance en leur fournissant des locaux, de l'équipement, des conseils, de la formation et d'autres services dans le but de les mener à l'autonomie, tout en favorisant les échanges avec des entreprises déjà installées. En voici quelques exemples : Saint-Hyacinthe Technopole, Continuums, le Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) et le Centre de recherche et de développement sur les aliments (CRDA) de Saint-Hyacinthe.

3) Les centres collégiaux de transfert de technologie

Ces centres d'innovation ont pour mission le soutien, le développement et la formation d'entreprises en démarrage ou en croissance. Les entreprises peuvent compter sur ces organismes pour développer ou améliorer des procédés, adapter des équipements ou des nouvelles technologies, prendre le pouls du marché et se faire proposer des pistes de solutions prometteuses. En Montérégie, Cintech Agroalimentaire, l'Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire, Transbiotech et le Centre d'expertise fromagère du Québec en sont des exemples.

​4) Les centres de recherche et de développement du Québec

Ils regroupent des chercheurs qui orientent leurs travaux et leurs observations vers un secteur en particulier, dont la transformation alimentaire, dans le but d'appuyer l'innovation et le transfert technologique. Les recherches, les études cliniques, les rapports et les articles scientifiques qu'ils produisent sont utilisés pour développer et promouvoir des produits innovants, pouvant mener vers des allégations certifiées et permettre un avantage concurrentiel sur le marché. L'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels, le CDBQ et le CRDA sont des exemples de centres en alimentation.

​5) Les symbioses industrielles

Une symbiose est un type de réseau crée une synergie entre les différentes organisations d'un territoire. Par exemple, Symbiose agroalimentaire Montérégie permet d'améliorer la performance économique, environnementale et sociale des entreprises, en établissant un réseau dynamique d'échanges de matières résiduelles et d'autres ressources sous-valorisées. Dans ce cas précis, le principe d'économie circulaire est exploité, c'est-à-dire que l'organisme a apporté des modifications en réutilisant des surplus de production ou des résidus d'une entreprise et en organisant des échanges horizontaux. Renseignez-vous auprès de votre MRC pour connaître les symbioses les plus près de chez vous!

Plusieurs programmes d'aide financière offerts par le MAPAQ peuvent subventionner une partie des coûts engendrés par ces démarches.

​En résumé, pour bâtir une entreprise pérenne et développer un produit gagnant, il s'agit de suivre les tendances et d'adapter son offre de produits et de services aux consommateurs. La collaboration d'une équipe interne ou externe est une excellente façon d'explorer, de comprendre et d'apporter les innovations requises au succès d'une entreprise en fonction du budget disponible. Ainsi, la force du nombre et le partage de l'expertise sont des éléments facilitant le développement des marchés québécois.


Référence

Économie collaborative – Mieux comprendre les transformations, moderniser et renforcer les politiques publiques, ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, 2018, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ISBN (pdf) : 978-2-550-80799-5.



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Dernière mise à jour : 2021-09-24

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