​Pâturages : pour en finir avec les intruses…

Certaines plantes indésirables n’ont pas la cote chez les vaches. Les connaissez-vous? Savez-vous comment les éradiquer de vos pâturages?

La potentille

La pire mauvaise herbe rencontrée dans les pâturages de la Chaudière-Appalaches est la potentille, connue sous le nom de « bouton d’or ». Non seulement cette plante aux feuilles très dentelées n’est pas broutée par la vache, mais ses infestations peuvent réduire votre rendement fourrager jusqu’à 25 %.

Heureusement, il existe une solution facile pour s’en débarrasser : on procède à un labour, qui fait mourir la plante adulte. Un chaulage avant le labour ou au printemps, selon les recommandations du Plan agroenvironnemental de fertilisation, empêche la graine de germer ou la plantule de pousser. Cette plante disparaît uniquement si le pH atteint minimalement 6.2. On peut alors ensemencer des plantes recommandées pour les pâturages. Ces bonnes plantes à pâturages vont augmenter la productivité des parcelles de 25 %. Cela correspond à une augmentation de rendement de 50 % si l’on tient compte de la disparition du bouton d’or.

Le chardon

Le chardon peut aussi faire perdre de précieuses superficies. Pour le faire disparaître, on doit faucher les plants à deux reprises. Si vous ne les fauchez pas, le plant-mère de chardon fera croître sa progéniture autour de lui durant l’été au moyen de racines horizontales. L’année suivante, les petits plants de chardon deviendront à leur tour des plants-mères et la talle de chardons ne fera que s’agrandir. C’est sans oublier les graines, de couleur brun pâle, lisses et mesurant entre 2,5 et 4 millimètres. Comme elles sont grosses, elles tombent non loin de la talle en suivant le sens du vent. On observe alors une bande composée de plusieurs talles de chardon, dans le sens du vent habituel. Si l’on ne fait qu’une fauche, il faut la faire juste avant la formation des graines, quand les capitules de la fleur sont rosés.

L’épervière

En sols acides, on retrouve aussi l’épervière. Bien qu’elle fleurisse plus tardivement que le pissenlit, sa fleur lui ressemble, mais sa tige est rugueuse et elle atteint moins de 30 centimètres. Les vaches n’en mangent jamais.

Si vous regardez l’épervière de près, vous remarquerez une rosette de feuilles d’environ 10 cm de diamètre au sol, une zone dans laquelle aucune plante ne pousse. S’il y a beaucoup de rosettes, c’est le rendement de vos parcelles qui s’en trouve affecté. C’est toujours la bonne vieille recette du chaulage qui permettra d’ensemencer de bonnes plantes à pâturage et de faire disparaître l’épervière.

Le carex

Dans les zones mal drainées, il y a du carex ou roseau. Vue de loin, cette plante peut être confondue avec une graminée, mais sa tige est habituellement triangulaire, très solide et coupante. Si les vaches consomment le bout de ses feuilles, c’est qu’elles ont vraiment faim. Cette plante disparaît à l’aide du drainage de surface.

Les « bonnes » mauvaises herbes​

1. Le pissenlit

Comparativement aux indésirables citées plus haut, le pissenlit est bien meilleur à manger pour les vaches. En fait, elles l’adorent, peut-être à cause de son petit goût amer.

Avez-vous remarqué à quel point le pissenlit est présent dans les prairies lorsque la luzerne et le trèfle rouge ont disparu? En fait, cette mauvaise herbe pousse si on laisse des espaces vides. Elle prolifère aussi dans le gazon même s’il est tondu à chaque semaine. Ce n’est donc pas la fauche qui va la faire disparaître. Toutefois, le pissenlit perd facilement la bataille si la paissance est intensive. Comme les bêtes arrachent toutes ses feuilles, le pauvre plant de pissenlit se retrouve dénudé. Lors de la seconde paissance, 20 jours plus tard, les vaches lui arrachent ses feuilles une bonne fois pour toutes. Le pissenlit n’arrive pas à se refaire des réserves et il meurt, le pauvre!

2. Le chiendent

Quant au chiendent, toutes les rumeurs le disent depuis au moins 30 ans : il constitue une bonne plante fourragère. Le hic, c’est que son rendement est bon uniquement lors de la première coupe. Malheureusement, dans un pâturage, cette plante produit très peu de feuilles à sa base, là où la paissance s’effectue. En plus, ce peu de feuillage n’arrive pas à empêcher l’évapotranspiration, ce qui favorise l’assèchement rapide du sol. C’est une plante à réserve, tout comme le pissenlit. Toutefois, sa réserve se trouve non pas dans une racine, mais plutôt dans des rhizomes qui multiplient la plante. Il faut donc l’épuiser comme le pissenlit. C’est toujours la même recette : une paissance à chaque intervalle de 20 jours, jusqu’en juillet, la mènera à sa perte.

France Bélanger, agronome
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Dernière mise à jour : 2021-12-10

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