L’ABC des plantes à pâturage

On aime la facilité, surtout pour la gestion des pâturages. Alors, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple au moment de choisir le mélange à semer? Voici de quoi vous aider à faire le bon choix.

Les graminées

1. La fétuque élevée

Certains pourraient évoquer les risques de sécheresse et vous amener à choisir un mélange composé de fétuque élevée, une plante un peu luisante, de couleur vert foncé, qui pousse rapidement. Toutefois, au cours de la saison, vous constaterez que les vaches n’en mangent pas. Elles préfèrent raser les autres plantes à quelques centimètres du sol, jusqu’à ce que leur langue ne puisse plus les atteindre. Ensuite, si vous voulez les obliger à gruger la fétuque élevée parce que vous voyez encore ces touffes d’herbe, elles vont manger uniquement le bout des feuilles.

Mais pourquoi les vaches sont-elles si difficiles? Pour les comprendre, il faut se mettre à leur place. Il suffit de prendre une feuille de fétuque élevée dans votre main et de la faire glisser entre vos doigts. Ouch! Ça coupe!

Si vous avez déjà de la fétuque élevée dans vos pâturages, vous devez prévoir des paissances intensives de moins de 3 jours par parcelle. Si vous en semez, il est préférable de choisir les nouvelles variétés avec des feuilles plus souples afin d’améliorer la consommation par une meilleure appétence.

2. Le dactyle

Certains choisiront plutôt un mélange composé de dactyle. Dans ce cas, l’année suivant l’implantation, deux ou trois rotations suffiront pour que vous voyiez apparaître des buttes vert pâle bien fournies. Quand vous les observerez de plus près, vous verrez que le bout des feuilles a été mangé et qu’à l’intérieur de ces buttes, il y des feuilles séchées. En fait, ce mélange contenant du dactyle n’attise pas non plus la gourmandise des vaches.

Cette plante produit des repousses rapides. Les vaches broutent le bout des feuilles, rejetant celles qui n’ont pas été consommées lors des premières paissances, devenues toutes sèches. Pour éviter trop de refus, vous devez faucher les pâturages dès que ces buttes apparaissent.

Si une partie de vos pâturages comporte un mélange composé de dactyle, évitez de la faire brouter au printemps. En fait, il est préférable de faire les foins avec ces parcelles. Profitez-en pour essayer votre faucheuse et vos machines à foin très tôt au printemps, à une hauteur de 45 cm environ, afin de faire de l’ensilage. Puisque cette plante pousse très vite, il y a fort à parier que vous faucherez ces parcelles avant vos prairies et qu’elles vous donneront un foin d’excellente qualité. Trente jours plus tard, il est encore possible de procéder à une coupe si le rendement des autres parcelles suffit pour la paissance. De cette façon, la troisième repousse sera parfaite pour vos vaches.

3. Le raygrass vivace

On peut aussi vous proposer un mélange composé de raygrass vivace, une plante luisante au soleil, feuillue et appétissante. Elle remplace l’avoine dans l’établissement d‘un pâturage conventionnel en trèfle ladino et mil. Le raygrass pousse aussi rapidement que l’avoine, mais ses tiges sont beaucoup plus fines.

La parcelle semée au printemps peut être prête pour une première paissance en juillet, quand le sol est sec. Toutefois, avant d’envoyer paître les animaux, il faut tirer sur quelques petites plantules pour vérifier leur enracinement afin que la plante résiste à la langue des bovins. Nul besoin de s’inquiéter de la persistance du raygrass, puisqu’il ne sera probablement plus là l’année suivante. En fait, il craint l’hiver, tout comme la luzerne.

4. Le mil

Quant au mil, communément appelé « la fléole », il est appétissant et sa croissance dépend de la pluie. Un petit truc : procédez à des paissances rapprochées au printemps afin de bien couvrir le sol de feuilles. Ces dernières vont diminuer l’évapotranspiration du sol et ainsi, réduire les effets négatifs des sécheresses. En complément, procédez à une bonne fertilisation azotée en fonction de votre Plan agroenvironnemental de fertilisation: cela peut faire des merveilles durant l’été. Une bonne croissance foliaire pourrait amoindrir les effets d’une période sèche, si elle devait arriver. Également, il faut éviter que les pâturages soient rasés, sinon le sol sèche davantage en surface et le regain du mil est évidemment plus faible.

Que dire des légumineuses?

1. La luzerne

Une luzerne à brouter, c’est possible, mais davantage dans les pays secs, car les étés québécois sont souvent trop pluvieux. Les vaches font le tour de la tige pour ne manger que les feuilles. Après leur passage, on remarque un beau paysage de longues tiges sèches.

2. Le trèfle rouge

Pour ce qui est du trèfle rouge, il ne faut pas le faire brouter lors de sa première croissance. Si les vaches vont paître dans les parcelles de trèfle rouge en juin, leurs sabots vont casser les tiges fragiles de cette plante, ce qui amènera les feuilles près du sol, là où il y a de l’humidité. Mais attention! Ce sont les feuilles de trèfle rouge qui pourrissent le plus facilement parmi toutes les plantes fourragères. Elles sont trop minces et le fin duvet qui les recouvre retient l’humidité et accélère la décomposition foliaire. Incidemment, on observe de la pourriture sur les feuilles, qui prennent une couleur noirâtre. Ainsi, pour la seconde paissance, les vaches ne mettent pas leur museau bien creux dans l’herbe…Ouache! Ça sent mauvais! Elles broutent donc en hauteur alors que de plus en plus de feuilles pourrissent.

Un petit conseil : fauchez la première pousse en une première coupe. Par la suite, les vaches peuvent y paître dès que la hauteur du trèfle atteint 20 cm. Surtout, il ne faut pas retarder l’entrée des animaux dans la parcelle. De toute façon, le trèfle rouge vit seulement deux ans en moyenne, alors pourquoi se préoccuper de sa persistance?

3. Le lotier

Plus rarement, on observe aussi des pâturages de lotier. Cette plante est très difficile à implanter alors pourquoi l’ensemencer alors qu’elle est moins productive que le trèfle ladino?

4. Le trèfle ladino

Le trèfle ladino est la plante par excellence des pâturages! Il est appétissant, offre un haut rendement et peut être brouté aux 20 jours. Avec une rotation aussi courte, les graminées ne risquent pas d’y persister. Comme ce trèfle repousse vite, il faut éviter de le faire paître plus de sept jours consécutifs, question qu’il ne soit pas rasé deux fois par les vaches. Cela affecterait vraiment sa persistance.

À retenir : il faut éviter de semer le trèfle blanc, ce petit trèfle court, au ras du sol, que l’on retrouve partout et qui présente un très faible rendement. En plus, le sol contient déjà une réserve de graines de trèfle blanc. Il faut privilégier le trèfle ladino, qui produit une grande feuille trifoliée sur un long pétiole.

5. Le trèfle alsike

Évitez aussi le trèfle alsike, qui produit des tiges, une fleur rosacée et très peu de feuilles autour de la tige. Le problème avec cette variété de trèfle, c’est que les vaches trouvent bien peu de feuilles à manger. Elles sont donc loin de se remplir la panse.

Les mélanges de plantes fourragères

Les mélanges sont-ils profitables? En fait, tout comme le ferait un enfant devant un bol de friandises, les vaches vont d’abord manger les plantes les plus tendres et les plus savoureuses du mélange, habituellement le mil et le trèfle ladino. Elles sont aussi friandes de pâturin des prés, la plante à gazon, qui se caractérise par une courte taille et des feuilles minces situées uniquement à la base de la plante. Souvent, elle se retrouve naturellement dans les pâturages.

La vache mangera rapidement ses plantes favorites pour que sa voisine ne les lui dérobe pas. Par la suite, vous observerez des zones ici et là où l’herbe est broutée pratiquement jusqu’au sol. Puis, à la fin de leur séjour dans la parcelle, les vaches n’auront plus le choix : elles devront se contenter des moins bonnes plantes, comme le dactyle et la fétuque élevée. La consommation fourragère diminuera parce qu’elles lèveront le nez, regarderont une autre parcelle au loin, rumineront des pensées de pâturages verdoyants et rumineront moins d’herbe. Bref, la consommation fourragère sera bonne lors des premières journées et diminuera durant les jours suivants, tout comme la quantité de lait produite pour le veau. Comme le veau boit alors moins de lait, cela peut affecter à la baisse son gain de poids moyen quotidien.

Un petit conseil : dans les parcelles composées de mélanges, évitez les paissances de plus de trois jours.

Le bon mix!​

Bien qu’il en existe d’autres, le mélange « trèfle ladino et mil » est à la fois le plus facile à semer et le plus populaire. Avant tout, les vaches l’aiment. De plus, vous n’avez pas à vous demander si les plantes d’une parcelle atteignent 18 à 20 centimètres avant que les vaches ne puissent y retourner. Quand vous voyez le blanc des fleurs, c’est que la parcelle est prête à recevoir les vaches. C’est aussi un mélange très peu exigeant pour les sols. Il s’adapte aisément à un peu d’acidité et à un sol moins bien drainé.

France Bélanger, agronome

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Dernière mise à jour : 2021-12-10

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