Le 6 janvier 1997, la région de Lanaudière recevait 55 mm de pluie verglaçante, ce qui a causé des pannes d’électricité majeures. Un an après, les régions de Montréal et de la Montérégie étaient touchées par près de 100 mm en 82 heures, laissant sans électricité des milliers de foyers pendant plusieurs jours, voire des semaines. Comme producteur agricole, seriez-vous prêt à faire face à une situation d’une telle envergure?
Avez-vous une génératrice?
Une entreprise agricole doit pouvoir détecter rapidement une panne de courant et avoir l’équipement nécessaire pour y remédier, du moins temporairement. Bien qu’une partie des entreprises agricoles ait aujourd’hui opté pour les groupes électrogènes automatisés, les plus petites sont équipées de génératrices d’urgence, plus ou moins âgées, mobiles ou stationnaires, qui sont entraînées par la prise de force d’un tracteur. La génératrice portative demeure également un équipement utile, mais elle est généralement moins puissante.
L’âge de la génératrice est un facteur essentiel dont il faut tenir compte, mais ne considérez pas l’appareil trop rapidement désuet. Mettez plutôt en parallèle les besoins qu’avait l’entreprise de l’époque avec ceux du présent et du futur pour vous assurer que l’appareil convient à votre entreprise.
La puissance d’une génératrice est exprimée en kilowatts (kW). La tension produite est habituellement de 120/240 volts (V) et la fréquence du courant généré est de 60 hertz (Hz). Le choix de la puissance de la génératrice doit être fait en fonction de la charge à actionner au moment de la panne. Pour cette raison, il est important de connaître les équipements et les appareils essentiels en cas de panne et de les raccorder. Les spécifications de la génératrice ou de l’alternateur sont indiquées sur la plaque signalétique de l’appareil. On y retrouve, entre autres, la puissance (en kW), la classe de service, la vitesse de rotation (RPM) et le nombre de phases (1 ou 3). La classe de la génératrice indique la puissance qu’elle peut produire lors d’une période déterminée. Par exemple, pour une génératrice indiquant une classe de service 30/45/60 kW, on doit déduire qu’elle peut générer une puissance en continu de 30 kW, une puissance de 45 kW pendant 30 minutes et une puissance en démarrage de 60 kW. Il faut aussi se souvenir qu’un moteur diesel doit générer 1,5 kW (2 chevaux-vapeur) pour produire 1 kW en électricité.
Une installation conforme et sécuritaire
Les composantes électriques doivent être installées par un électricien accrédité; elles doivent inclure un interrupteur de transfert (manuel ou automatique) à double direction pour isoler la génératrice des lignes de distribution du courant d’Hydro-Québec. Si cet interrupteur est absent, le courant produit par la génératrice risque de retourner dans le réseau et de mettre, entre autres, la vie des monteurs de ligne en danger. La génératrice doit être munie d’un fusible ou d’un disjoncteur électromagnétique, d’un voltmètre, d’un fréquencemètre et d’un panneau de prises de courant. Absent sur les plus anciens modèles, le fréquencemètre est aujourd’hui un élément essentiel, car la fréquence (60 Hz) est très importante à respecter pour les moteurs et les équipements dotés de composantes électroniques que l’on retrouve aujourd’hui sur les fermes. Un élément souvent négligé : le bâti de la génératrice doit être relié en permanence à une mise à la terre pour prévenir les risques d’électrocution dans le cas d’un défaut d’isolation de la génératrice.
Encore aujourd’hui, on retrouve des installations dont les branchements à la boîte électrique sont faits à l’aide de pinces électriques. On doit plutôt se servir d’un cordon et d’une prise sécuritaire installés par un électricien accrédité.
Établir un plan d'urgence
En ce qui concerne les génératrices à démarrage manuel, il importe de bien connaître leur capacité et de concevoir un plan d’urgence. Celui-ci doit notamment comporter la procédure de branchement et de mise en marche de la génératrice ainsi que la séquence de démarrage des composantes électriques, dont les moteurs. Tout comme le manuel d’opérateur, le plan d’urgence doit être placé bien en vue, près du branchement de la génératrice, et être connu de l’ensemble des employés de la ferme.
Sachez qu’en cas de surcharge, accroître la vitesse de la génératrice au-dessus de la vitesse normale d’opération n’augmentera pas la puissance électrique de l’équipement, mais seulement la fréquence. Ceci entraînera automatiquement la surchauffe des moteurs et endommagera les équipements comportant des composantes électroniques.
L’entretien et le remisage
La génératrice d’urgence doit être placée à un endroit facilement atteignable en plus d’être gardée propre et en bon état de fonctionnement. Rappelez-vous que l’humidité est la pire ennemie des génératrices. Enfin, plusieurs modèles doivent être lubrifiés à intervalles réguliers et il faut également changer les huiles selon les recommandations indiquées dans votre manuel d’entretien.
Une génératrice doit être mise à l’essai fréquemment et la recette varie selon le modèle de l’appareil. Dans certains cas, on doit l’actionner chaque mois ou aux deux mois. Dans d’autres, il suffit de la mettre en marche occasionnellement à l’aide d’une tige rigide, en effectuant quelques rotations de l’arbre de prise de force situé sur la génératrice. Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à consulter votre manuel d’opérateur ou à communiquer avec votre détaillant de génératrice ou de groupe électrogène pour connaître la meilleure procédure d’entretien pour votre génératrice afin qu’elle soit fonctionnelle au moment opportun.
N’oubliez pas : une génératrice en bon état et bien remisée, mais toujours accessible, qui possède la puissance requise vous assurera une tranquillité d’esprit dans les pires moments!
Yves Bédard, ingénieur