​Bâtiments d'élevage : ce qu'il faut surveiller avant de signer

Emballés par leur projet de démarrage et empressés de le mettre en branle, les jeunes entrepreneurs négligent souvent de vérifier plusieurs éléments au moment de la première visite d’une installation. Mais que faut-il surveiller plus attentivement?

Une réalité frappe souvent celles et ceux qui désirent acheter une entreprise ou simplement exploiter un bâtiment d’élevage en location. Dans bien des situations, les bâtiments ne sont plus au goût du jour et sont parfois même inexploités depuis plusieurs années. Dans la grande majorité des cas, les installations requièrent une bonne évaluation suivie d’une mise à niveau.

Des éléments à retenir

La liste des éléments à analyser peut être très longue. Une des premières composantes à laquelle il faut s’attarder demeure les assises ou les fondations du bâtiment. Comme l’expression le dit, « peu importe ce que l’on fait, il faut toujours s’assurer de partir sur une base solide ». Les anciens bâtiments sont habituellement érigés sur une fondation superficielle faite en bois, en pierres ou en béton. Rares sont les vieux bâtiments construits comme aujourd’hui, sur de bonnes fondations profondes. Les bâtiments âgés sont plus vulnérables aux tassements différentiels et à la destruction causée par l’usure du temps que les plus récents.

À l’intérieur, on remarque souvent que les planchers sont lézardés et moins étanches. Les planchers ont été typiquement faits d’un béton malaxé sur place, sans armature et coulé directement sur un sol gélif. Ils ont donc pu se fissurer par retrait lors du séchage du béton ou, avec les années, par soulèvement en raison des cycles de gel et de dégel.

La toiture de tôle ou de bardeaux est aussi une composante du bâtiment importante à inspecter. Non étanche, elle pourrait être source de pourriture des plafonds, du plancher du fenil et même d’endroits moins visibles situés à l’intérieur des murs. Fragiles au déchirement près des éléments de clouage, les toitures en feuilles d’aluminium peuvent avoir belle apparence, mais peuvent aussi laisser l’eau s’infiltrer. La réparation d’une toiture non étanche et des composantes abimées par l’eau qui s’est infiltrée pourrait donc occasionner des coûts supplémentaires importants.

Outre cette coquille que représente le bâtiment, il faut aussi s’attarder à l’aménagement intérieur actuel et futur. Les dimensions, l’espace disponible et les subdivisions sont des critères à ne pas négliger. Par exemple, modifier un ancien bâtiment laitier doté de stalles pour l’exploiter en stabulation libre s’avère complexe et parfois même impossible, surtout en présence d’un fenil, qui représente un espace de stockage potentiel.

Des outils incontournables

Il est aussi fortement conseillé au futur exploitant de se procurer les plus récents guides portant sur la production convoitée. Outre les aspects touchant la régie des animaux, chaque guide contient des informations importantes sur les caractéristiques organisationnelles à rechercher. Un outil comme Agri-réseau rend disponibles des plans types et de l’information qui aident à déterminer la physionomie du bâtiment recherché pour en optimiser la fonctionnalité.

Pour avoir l’heure juste sur l’ensemble des travaux à réaliser, il est aussi très pertinent d’obtenir des estimations (soumissions) d’entrepreneurs. En effet, de façon générale, lorsque les coûts de remise à niveau d’un bâtiment frôlent 60 % du coût d’un bâtiment neuf, on opte pour une nouvelle construction.

Avant de vous lancer...

Avant d’exécuter des travaux, il importe de vérifier les exigences des compagnies d’assurances à l’égard de l’évaluation du risque du bâtiment. N’oubliez pas de vous informer sur la réglementation municipale (permis et droit de produire du bâtiment), la réglementation provinciale (certificat d’autorisation et droits d’exploitation) et les normes qui concernent la gestion des fumiers.

Pour la relève en production laitière, la vérification des équipements et de la conformité de la laiterie demeure un incontournable. Il est par ailleurs suggéré d’impliquer rapidement le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (inspection des aliments) à votre projet.

Et les équipements?

Il ne faut pas oublier les autres équipements essentiels à votre bâtiment tels que les composantes de ventilation. La majorité des vieux bâtiments sont équipés d’une ventilation transversale avec des entrées d’air qui peuvent être insuffisantes, mal conçues ou, trop souvent, inexistantes. Il est habituellement conseillé d’évaluer l’état de l’ensemble des composantes de ventilation, surtout si les animaux doivent demeurer au bâtiment tout au long de l’année. Dans ce cas précis, une ventilation longitudinale ou tunnel pourrait assurer le confort des animaux et des employés. Ce type de ventilation permet également un bon contrôle des nuisances comme les mouches.

Outre la qualité de l’air, il ne faut pas oublier la qualité et la disponibilité de l’eau. Encore une fois, les guides de production aideront à évaluer le besoin quotidien en eau de votre cheptel et vous outilleront pour son entretien. Il faut aussi penser aux systèmes électriques et d’éclairage en place. Le filage et les luminaires sont-ils conformes? Les fils passent-ils directement sur les murs et les plafonds ou sont-ils intégrés à une conduite? L’éclairage est-il adéquat? Respecte-t-il les exigences pour la production?

Le MAPAQ en appui à la relève

Le financement d’une future entreprise est important dans un projet de relève et d’établissement. Une bonne évaluation du potentiel des installations et des coûts pour les remettre en production l’est tout autant.

La consultation d’un conseiller en relève du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation permet au futur exploitant d’accéder à des services et des conseils dans des domaines variés. Ces répondants offrent également toute l’information nécessaire sur les programmes qui viennent en aide aux entrepreneurs en démarrage.

Pour obtenir les coordonnées des conseillers en relève et établissement de la région, consultez la page Relève agricole.

Yves Bédard, ingénieur

 
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Dernière mise à jour : 2021-12-10

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