Quelles variétés de pommes planter dans mon verger?​​

​Par Evelyne Barriault et Karine Bergeron, agronomes et conseillères viticole et pomicole de la Direction régionale de la Montérégie du MAPAQ

Les pomiculteurs se posent souvent cette question au moment de renouveler des parcelles ou d'en implanter de nouvelles. Ils recherchent des pommes croquantes et savoureuses, adaptées au goût des consommateurs, ainsi que des pommiers productifs qui résisteront au froid de nos hivers québécois. En production fruitière intégrée et en production biologique, la culture de variétés résistantes aux maladies, dont la tavelure, est une avenue intéressante. Toutefois, puisque l'implantation d'un verger est coûteuse et que les arbres ne produisent pas de fruits avant trois à cinq ans, il est important de s'assurer que les variétés plantées auront les qualités recherchées et qu'il y a un marché pour les vendre.

D'où viennent ces variétés de pommes résist​antes à la tavelure?

Le développement de pommiers résistants à la tavelure a commencé dans les années 1940 aux États-Unis et se poursuit encore aujourd'hui dans plusieurs régions du monde, dont le Canada. Certaines variétés ont d'ailleurs été développées au Québec, entre les années 1978 et 1997, par des chercheurs en amélioration génétique du Centre de recherche et de développement d'Agriculture et Agroalimentaire Canada situé à Saint-Jean-sur-Richelieu. C'est le cas, entre autres, de la Belmac, de la Primevère, de la Richelieu et de la Rouville.

Quelles sont les variétés les plus prometteuses?

Depuis 1995, le Réseau d'essais des cultivars et porte-greffes de pommiers du Québec (RECUPOM) a étudié plus de 60 variétés de pommes résistantes à la tavelure, afin d'évaluer leur potentiel de croissance et de rendement sous les conditions du Québec. Parmi cette sélection, 15 variétés se sont démarquées dans les essais, notamment l'Ariwa, la Rubinola, la Topaz, la Galarina, la Belmac, la Modi et la Liberty. Malgré leur sensibilité au froid ou leur faible productivité, certains cultivars se sont également démarqués par leur potentiel pour les marchés frais et les marchés de niche en raison de la qualité de leurs fruits, combinée à leur résistance à la tavelure. C'est le cas de la Primevère, de la Nova Easygrow et de la Novamac. Cette dernière, tout comme la Belmac, a toutefois un goût semblable à la variété McIntosh, qui perd en popularité chez les consommateurs. La qualité des fruits des variétés Jonafree et Murray a été jugée insatisfaisante, tandis que la Nova Spy ne parvenait pas à maturité sous les conditions climatiques du Québec. Des informations supplémentaires collectées depuis de nombreuses années sont stockées dans la base de données du RECUPOM, sur le site Internet des Producteurs de pommes du Québec.​

​Très peu d'informations concernant les superficies implantées avec des variétés résistantes sont disponibles. Nous savons que de petites superficies ont été replantées avec l'aide du programme de modernisation des vergers de pommiers du Québec du MAPAQ depuis ses débuts en 2006. Toutefois, ces variétés demeurent marginales au Québec. L'Initiative ministérielle de modernisation des vergers de pommiers du Québec 2022-2023 a été annoncée en juin 2022. Tout comme les aides financières précédentes, l'Initiative donne un petit coup de pouce aux pomiculteurs pour moderniser leurs parcelles (variétés, climat, marché) et p​our améliorer la productivité des pommiers. Cette aide était offerte pour les travaux de replantation du printemps 2022 ainsi que pour ceux d'arrachage qui seront réalisés à l'automne 2022 et à l'hiver 2023.

​La culture de ces variétés résistantes signifie-t-elle l'arrêt des traitements phytosanitaires?

Comme tout n'est jamais parfait, une variété résistante à la tavelure peut être sensible à l'oïdium ou à d'autres maladies. Chacun doit donc déterminer contre quel ennemi intervenir en priorité. La culture de variétés résistantes ou tolérantes aux maladies est un principe de lutte intégrée qui permet certes de réduire l'application de fongicide, mais pas de l'abolir. En effet, un programme minimal de traitement est recommandé pour la culture de ces variétés afin d'éviter le développement de maladies secondaires, telles que le blanc ou le complexe suie-moucheture, de même que la sélection de souches résistantes du champignon responsable de la tavelure (Venturia inaequalis). 

Quel sera votre marché pour ces variétés?

Les marchés de niche tels que la transformation, les paniers d'agriculture soutenue par la communauté, la production biologique, l'autocueillette et les kiosques à la ferme demeurent les principaux points de vente favoris pour ces variétés. Certaines testées au RECUPOM pourraient aussi se retrouver dans les présentoirs des épiceries.​​​​



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Dernière mise à jour : 2022-10-28

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