Voyez à la survie de vos plants

Avant d’arrêter son choix sur une culture, il est essentiel de bien comprendre les mécanismes physiologiques de la tolérance au gel des plantes. Certaines plantes possèdent le potentiel génétique d’endurcissement (acclimatation au froid) tandis que d’autres en sont dépourvues. Mais encore, ce potentiel varie entre les cultivars d’une même espèce. Pendant la saison de croissance, les plantes ne peuvent tolérer des épisodes où la température descend sous le point de congélation. Par contre, avec l’arrivée de l’automne, la tolérance au gel se développe dans les parties aériennes de la plante. Cette dernière passe par trois stades d’endurcissement sous l’influence de son environnement.

Les stades

Le premier stade se produit vers la fin de l’été, quand les températures sont encore chaudes et que les journées raccourcissent. C’est à ce moment-là que la croissance cesse et que les bourgeons floraux se forment.

Le deuxième stade, quant à lui, survient lorsque les températures descendent tout près de 0 °C. Durant cette période, si la plante est exposée à des températures trop chaudes ou trop froides, des dégâts peuvent survenir. On observe habituellement pendant ce stade un changement de coloration du feuillage. Pour se « désendurcir », la plante doit généralement passer par un troisième stade, soit par une exposition à des températures inférieures à 0 °C, sans toutefois que celles-ci descendent sous le seuil critique de tolérance de la culture. Un niveau de tolérance maximal au gel sera conservé dans la mesure où les températures froides sont maintenues. Les redoux durant l’hiver (pendant le troisième stade) sont redoutables, car la plante peut se « désendurcir » et perdre toute tolérance au gel hivernal lorsque les températures chuteront à nouveau.

Des trucs et astuces pour la survie de vos plants

Bien qu’on ne puisse rien faire pour contrer les redoux de l’hiver, on peut aider les plants en favorisant l’accumulation de neige sur ceux-ci pour assurer une bonne protection hivernale.
Chose certaine, il demeure impératif d’éviter toute gestion culturale pouvant nuire aux premiers stades de l’endurcissement. Par exemple :

• le paillage ou l’installation de bâches hivernantes installées trop hâtivement à l’automne
• une fertilisation azotée tardive en fin de saison ou une taille à la fin de l’été ou à l’automne sont des pratiques à éviter.

Les conditions climatiques gagnantes

Des problèmes surviennent aussi lorsque les espèces cultivées ne sont pas adaptées aux conditions climatiques du secteur. Pour bien comprendre la tolérance au gel hivernal, il faut aussi être bien informé sur les zones de rusticité. La carte des zones de rusticité du Canada tient compte non seulement des températures hivernales minimales du secteur, mais aussi de la durée de la période sans gel, des précipitations estivales, des températures maximales, de l’enneigement, des précipitations de janvier et des vitesses maximales des vents. La carte des zones de rusticité des plantes du Canada est divisée en neuf zones et en deux sous-catégories. On y trouve les zones 0 à 8, la zone 0 étant la plus rude et la zone 8, la plus clémente. Pour ce qui est des sous-catégories, on distingue les sous-catégories a et b, la plus chaude étant la sous-catégorie b. La Mauricie se situe dans les zones de rusticité 4b à 1b. Ces zones représentent donc un outil essentiel pour choisir des cultures adaptées à notre région.

Finalement, le fait de comprendre les mécanismes qui régulent la tolérance au gel des plantes et de connaître la zone de rusticité où l’on vit permet de mieux établir et disposer des cultures fruitières résistantes et en santé. Si l’on choisit une culture rustique adaptée à son milieu, il y a beaucoup plus de chances que celle-ci passe au travers des froids hivernaux.

Zones de rusticité des plantes au Canada

Source : Agriculture et Agroalimentaire Canada

Guy-Anne Landry, agr., M. Sc.
Direction régionale de la Mauricie
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Date de diffusion: 2016-10-14