Gérer les risques du parasitisme pour contrer la résistance et pour sauver de l’argent

La pratique populaire est de traiter systématiquement tous les animaux à l’entrée et à la sortie des pâturages dans le but de prévenir le parasitisme. Cette méthode comporte des risques, car le produit antiparasitaire utilisé pourrait ne plus agir sur les parasites ayant développé une résistance au traitement. Alors, pourquoi le faire sur l’ensemble du troupeau si certaines bêtes ne sont pas parasitées?

Crédit photo : Chantal Lemieux, MAPAQ


La résistance du parasite se définit comme étant la capacité de survivre à une dose normalement mortelle d’un traitement antiparasitaire. Il transmettra cette résistance à ses descendants. Une fois la résistance implantée dans le troupeau, les moyens de lutter contre ce fléau s’amenuisent. Alors, qu’arrivera-t-il lorsque les produits utilisés n’auront plus d’effets antiparasitaires? Des pertes monétaires!

Analyser les déjections solides

Avez-vous déjà fait analyser les fèces (déjections solides) de vos animaux allant aux pâturages? Cette analyse, également appelée coprologie, permet notamment de déterminer si votre troupeau est parasité.

Des suivis aux champs réalisés chez 21 entreprises (bovines, ovines, laitières et caprines) de la région nous ont permis de prélever des échantillons de fèces animales. Sur les 47 analyses reçues, 7 seulement ont atteint le niveau d’excrétion élevé. Les sujets affectés sont majoritairement des veaux âgés de 5 à 12 mois, dont le système immunitaire est normalement non adapté au pâturage. On y retrouve également des sujets ovins adultes. Généralement, ce sont les animaux âgés qui contamineront les plus jeunes.

Gérer le parasitisme n’est pas simple étant donné que chaque ferme est particulière. Il faut viser deux objectifs :

  • Assurer la santé et le bien-être des animaux en limitant l’impact des parasites.
  • Contrer le développement de la résistance aux antiparasitaires.

Il faut mettre en place des pratiques qui diminueront un parasitage de niveau élevé :

  • Une alimentation adéquate.
  • Une bonne gestion des pâturages :
    • éviter le surpâturage
    • effectuer une rotation adéquate des enclos
    • maintenir une densité animale réduite
    • préférer des plantes à tanins qui ont un effet vermifuge
    • gérer de façon serrée les groupes d’animaux à risque.
  • Une sélection sur les animaux résistant au parasitisme.
  • L’administration d’un traitement réfléchi : 
    • traiter avec une dose adéquate (un mauvais dosage peut engendrer de la résistance au traitement)
    • donner le bon produit pour le type de parasite à traiter
    • administrer le produit au bon moment (en vérifiant avec une coprologie si le seuil fort est atteint)
    • traiter les animaux qui en valent la peine.
  • La mise en quarantaine pour les nouveaux animaux.

Pendant l’été 2015, le prélèvement d’échantillons nous a permis de :

  • Dresser un portrait du niveau d’infestation dans les troupeaux du Centre-du-Québec
  • Promouvoir la vérification du statut du troupeau à l’aide de la coprologie
  • Identifier les parasites avant de traiter
  • Vérifier s’il y a un potentiel de résistance aux produits antiparasitaires
  • Sensibiliser les producteurs au phénomène de la résistance des parasites.

En traitant seulement les animaux atteints de façon raisonnée, on économise de l’argent et du travail! Pensez-y-bien avant d’effectuer un traitement. Cela en vaut-il vraiment la peine?


Marie-Pier Dion, étudiante en agronomie à l'Université Laval
Chantal Lemieux, agronome, Conseillère en développement bioalimentaire, Secteurs ovin et caprin

Date de diffusion : 15 octobre 2015

 
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Dernière mise à jour : 2015-10-13

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