Fourrage exceptionnel pour fromage d’exception

La valeur nutritive des foins séchés en grange est bien supérieure aux foins séchés au champ et est souvent supérieure aux ensilages. L’intérêt d’alimenter les vaches avec ces foins réside dans la qualité organoleptique et nutritionnelle des laits produits ainsi que dans la réduction des risques de contamination par les bactéries butyriques et du genre listeria.

Foins séchés

    Photo : Alain Fournier, MAPAQ

Une centaine d’intervenants (producteurs et conseillers) ont assisté le 5 mars 2014 à la journée sur l’Innovation et le progrès en agroalimentaire au Centre-du-Québec (INPACQ) sur le séchage des fourrages à Victoriaville. La première partie de la journée se déroulait en salle et la seconde à la Ferme Brawer de Victoriaville, propriété de Fritz et Thomas Brauchi et de Marianne Werren.

Après un voyage en Autriche, les Brauchi ont opté pour une alimentation au foin pour maximiser la santé et la longévité de leurs vaches. Puisque la région de Victoriaville ressemble à certaines parties de l’Autriche pour sa pluviométrie, la famille Brauchi a construit, en 2012, un séchoir à fourrage nouveau genre, muni de ventilateurs et de déshumidificateurs conçus par des entreprises québécoises. Deux cellules, d’une capacité totale de 3 300 mètres cubes, permettent de sécher et d’entreposer les foins pour l’alimentation des vaches. Cette installation a permis de faciliter la production de foin de haute valeur nutritive. Bien que le séchage en grange soit courant en Europe, le projet des Brauchi est le premier du genre au Québec.

Le séchage en grange est une méthode artificielle de séchage des fourrages permettant de diminuer la durée d’assèchement au champ et d’accroître la qualité du foin. Il repose sur la récolte d’un fourrage encore humide, dont la déshumidification se poursuit dans un entrepôt. Ce genre de système est adapté aux régions comportant des hivers longs, comme le Québec, qui requièrent l’entreposage de stocks importants de foin et où la pluviométrie est importante et régulière. De plus, ce système est particulièrement intéressant pour les éleveurs qui souhaitent produire un lait d’exception, spécifiquement conçu pour la production de fromage à pâte pressée.

Comme énoncé précédemment, une alimentation fourragère exclusivement basée à partir de foin diminue considérablement le risque de contamination des laits par les bactéries butyriques. Lorsque celles-ci sont présentes en quantité importante dans les laits, elles produisent des gaz durant le vieillissement des fromages, ce qui occasionne le gonflement et leur perte de valeur commerciale. L’acide butyrique produit par ces bactéries induit également un goût indésirable dans les fromages. Ce risque de contamination est considérablement accru lorsque des fourrages fermentés sont utilisés dans l’alimentation des vaches.

Par ailleurs, les dangers de contamination par les bactéries du genre listeria sont limités en l’absence d’ensilages, ce qui constitue un avantage indéniable pour la production de fromages muris. Les acides gras polyinsaturés bénéfiques pour la santé des humains, qui sont contenus dans les foins, sont moins dégradés dans le rumen des vaches que les gras contenus dans les ensilages. Ils sont ainsi intégrés aux laits des vaches alimentées avec des foins qui sont fréquemment plus riches en ces composés que les laits produits avec une alimentation à base d’ensilages. De plus, les composés aromatiques des foins sont respirés par les vaches ou absorbés au niveau de l’intestin, ils sont intégrés au lait par la circulation sanguine et influencent ainsi sa saveur.

Les Brauchi livrent en partie leur lait chez Fromagerie Bergeron depuis l’an passé pour la production d’un fromage gouda vieilli d’un à deux ans.

Les présentations des conférences de la journée INPACQ sur le séchage des fourrages sont accessibles sur la page Journée INPACQ - Séchage des fourrages.


Alain Fournier, agronome
Date de diffusion : 2014-06-16

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Dernière mise à jour : 2014-06-17

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