Êtes-vous aux prises avec une prairie en peine d’amour?

Des producteurs disent parfois d’une prairie peu productive qu’elle a manqué d’amour. Un suivi réalisé l’an dernier cinq entreprises a démontré que le rendement moyen des prairies variait de 3,8 à 7,5 tonnes de matière sèche, selon les fermes. Certaines entreprises pouvaient posséder des prairies plus performantes que le rendement moyen de leur zone, alors que d’autres étaient aux prises avec une très faible productivité. Si, en plus d’être sous-performante, l’une de vos prairies tarde à vous laisser entrer, c’est qu’elle vous lance un appel à l’aide clair et sans équivoque.

Comme pour tout dans la vie, les problèmes des uns ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux des autres. Il faut donc adapter vos solutions à votre prairie en tenant compte de son état, de son histoire et de vos objectifs. Pour la rendre de nouveau productive, il existe une démarche bien simple qui a été utilisée l’an passé dans cinq fermes du Centre-du-Québec.

La prise de données, c’est essentiel

L’historique du rendement réel de chacune de vos prairies est, souvent, l’élément de base pour vous aider à identifier les prairies qui font face à une déprime légère ou grave. Il est important de les comparer à la moyenne de performance des prairies de votre entreprise et à celle de votre zone, données fournies par La Financière agricole du Québec. Cela vous permet de vérifier si la déprime sévit et, dans l’affirmative, d’en mesurer son intensité.

Crédit photo : publicdomainepictures.net

Un petit calepin permet de noter, pour chacune de vos prairies, le nombre de balles de foin ou de remorques d’ensilage, le poids réel ou estimé des balles ou des chargements et le taux d’humidité du fourrage récolté.

Quel remède appliquer et sera-t-il profitable?

Pour le savoir, un examen délicat s’impose. Il faut regarder la prairie sous tous ses aspects, en n’oubliant pas ceux qu’elle tente de dissimuler sous son tapis herbacé. Comme pour une prise de sang, l’analyse du sol de la prairie permet de déceler ses carences ou ses excès et de préciser les ajustements à apporter à son régime nutritif. Par ailleurs, a-t-elle un régime de vie équilibré, qui respecte la période de repos entre les coupes et d’autres aspects de gestion qui favorisent la pérennité des plantes? Un problème à cet égard peut compromettre la survie des espèces productives. Enfin, rien ne vaut l’examen de la malade en personne : la parcourir permet de voir l’état du réseau hydraulique, les espèces botaniques présentes et, à l’aide d’une pelle, de sonder ses entrailles. Pour bien vous préparer et réaliser cette étape, consultez le texte Prairie en mal d’amour? Aux grands maux, les grands remèdes! 

Aspect économique de l’application des remèdes

L’application des remèdes appropriés sera-t-elle rentable? Tout réside dans leur coût et dans le potentiel d’augmentation de rendement. Par exemple, prenons le cas hypothétique suivant :

  • un rendement moyen de 4,5 t / ha pour les prairies
  • un prix potentiel de vente ou une valeur de remplacement du fourrage de 170 $ / tonne, représentant un revenu de 765 $ / ha
  • des remèdes, au coût de 750 $ / ha, qui permettraient d’atteindre des rendements de 5,5 t / ha, soit une augmentation de 1,0 t / ha.

Cela représente un revenu supplémentaire d’environ 150 $ / ha, soit la valeur de vente potentielle de 170 $ / ha moins les frais supplémentaires d’environ 20 $ / ha (le plastique, la corde, les autres ajustements et les frais d’intérêt de 2,7 % sur l’investissement).

Dans ce cas, l’investissement sera totalement payé en 5 ans environ (le prix de l’investissement, soit 750 $ / ha, divisé par la marge de revenu supplémentaire de 150 $/ha). C’est donc un investissement qui se rentabilise rapidement. Les dix prairies examinées l’an dernier ont montré des problèmes allant d’un simple besoin de sous-solage à un besoin de drainage souterrain et de nivellement. Résultat : les délais de récupération des investissements ont varié de 1,5 an à près de 19 ans pour ces cas particuliers.

Toujours à la lumière des résultats de l’an passé, il serait extrêmement intéressant de connaître le coût de production de fourrages dans votre ferme, car, pour les cas que nous avons étudiés, ces derniers ont varié de 130 $ à 230 $ la tonne. La connaissance du coût de production de vos fourrages permet alors de dresser un portrait actuel et précis de vos prairies et de détecter les dépenses trop élevées.

Véronique Poulin, agronome, conseillères en production bovine
Denis Ruel, agronomes, conseiller en grandes cultures 
MAPAQ, Centre-du-Québec 

Date de diffusion : 15 août 2017

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Dernière mise à jour : 2017-09-01

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