Les céréales d’automne, un atout dans votre rotation !

Photo : Pierre Chouinard, MAPAQ

De plus en plus d’entreprises agricoles s’intéressent aux céréales d’automne. Toutefois, plusieurs hésitent encore à les introduire dans leur rotation. Les possibilités de semis en fin de saison, les risques de fusariose et la rentabilité à court et long terme constituent souvent des éléments de questionnement. Le taux de survie à l’hiver s’avère également une préoccupation importante, particulièrement pour le blé d’automne.

Le blé et le seigle et, dans une moindre mesure, l’épeautre et le triticale sont les principales céréales à être semées à l’automne au Québec et au Canada. Quant à l’avoine et l’orge d’automne, ces dernières sont peu ou pas ensemencées. Il n’y a d’ailleurs pas d’avoine d’automne enregistrée au pays. Le blé est de loin la céréale d’automne la plus importante et les superficies canadiennes atteignaient 750 000 ha en 2009, en augmentation de près de 65 % par rapport à 1990. L'Ontario continue de dominer à titre de province productrice, avec 380 000 ha ensemencés en 2009, soit autant que les superficies combinées de la Saskatchewan (160 000 ha), de l’Alberta (100 000 ha) et du Manitoba (100 000 ha). La même année, les superficies en blé d’automne s’élevaient à seulement 4 200 ha au Québec. Les superficies ont augmenté ces dernières années, mais la production de blé d’automne québécois demeure somme toute marginale. Dans ce contexte, compte tenu de la similarité avec le climat de l’Ontario, le potentiel de productivité du Québec apparaît sous-exploité.

L’intégration des céréales d’automne dans la rotation des cultures peut s’avérer un atout intéressant pour les entreprises québécoises, particulièrement pour diversifier les systèmes maïs-soya en alternance. En plus d’améliorer le potentiel de rendement des autres cultures, d’autres avantages sont également reconnus, notamment :

  • Système racinaire favorable à l’amélioration de la structure du sol
  • Couverture et protection du sol contre l’érosion durant la saison automnale et hivernale et dès le départ au printemps
  • Cultures compétitives aux mauvaises herbes
  • Intégration facile de cultures intercalaires et de cultures couvre-sol d’hiver
  • Répartition des travaux (semis à l’automne, récolte plus hâtive, etc.)
  • Risques de fusariose généralement moins élevés que pour les céréales de printemps.

Le rendement potentiel des céréales d’automne est généralement supérieur aux céréales de printemps, bien entendu lorsque la survie à l’hiver est bonne et lorsque les autres conditions de succès sont réunies. À cet égard, on doit tout d’abord sélectionner des champs ayant les caractéristiques suivantes :

  • un sol avec un bon égouttement de surface et un bon drainage interne
  • un sol en santé, comportant une bonne structure et une bonne infiltration
  • un sol bien équilibré, fertile avec un pH adéquat (optimum : 6.5).

Le choix du cultivar ainsi que la période, le taux et la profondeur de semis constituent aussi des facteurs à ne pas négliger pour assurer un bon établissement et augmenter les chances de survie à l’hiver. Évidemment, il y a peu d’emprise sur les facteurs agroclimatiques tels que l’épaisseur de neige tout au cours de l’hiver, la fréquence et l’intensité des pluies hivernales ainsi que les redoux. Les changements extrêmes de température sur courte période peuvent aussi influencer fortement la tolérance au froid des plants.

Au Centre-du-Québec, la Ferme Bois-Mou 2001 inc. intègre les céréales d’automne dans ses rotations et ses pratiques culturales de façon fort intéressante depuis quelques années. Elle les utilise à diverses fins et selon différents objectifs.

Par exemple, le seigle d’automne est semé à la volée comme culture intercalaire dans le maïs au stade 6 à 8 feuilles ou comme culture de couverture d’hiver en pré-récolte du soya. Le seigle, déjà en place après la récolte, sert de plante couverture et contribue au maintien de la santé des sols. Un semis direct de soya suivi de la destruction chimique du seigle est réalisé au printemps suivant.

À l’automne 2013, l’entreprise a par ailleurs comparé deux techniques de semis de blé d’automne :

  • à la volée avant la récolte du soya
  • semis direct après la récolte du soya.

Du trèfle intercalaire a été ensemencé au printemps suivant. Après la récolte du blé, un semis direct d’avoine dans le trèfle résiduel sera effectué et le tout sera récolté en foin à l’automne.

 
Semis à la volée du blé d’automne avant la récolte du soya, 17 septembre 2013 
Photo : Pierre Chouinard, MAPAQ
Semis direct du blé d’automne après la récolte du soya, 1er octobre 2013 
Photo : Pierre Chouinard, MAPAQ
 

 

Semis direct de soya dans du seigle ensemencé l’automne précédent et détruit au printemps, 16 juin 2014
Photo : Pierre Chouinard, MAPAQ

Références :

  • La liste des variétés qui sont enregistrées au Canada et le représentant canadien par espèce - Agence canadienne d'inspection des aliments
  • Profil du secteur du blé, Partie un : un aperçu (novembre 2010) - Agriculture et Agroalimentaire Canada


Pierre Chouinard, agronome et Denis Ruel, agronome 
Date de diffusion : 2014-07-07

 
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Dernière mise à jour : 2018-06-19

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