La réussite d’un transfert de ferme passe assurément par une planification rigoureuse et celle-ci débute dès la période d’établissement. On dit souvent qu’un transfert d’entreprise doit se préparer cinq à dix ans à l’avance. En fait, cette phase du transfert correspond davantage à la période de coexploitation entre les propriétaires et la relève. C’est la période où les démarches sont entreprises avec une diversité d’intervenants, de conseillers en gestion, de comptables, de fiscalistes, de créanciers, de notaires, etc.

Une entreprise viable

Les deux principaux éléments clés d’un transfert réussi sont la viabilité de l’entreprise (rentabilité, taille, endettement) et la formation de la relève. Souvent, la relève s’établit dans l’entreprise en même temps que la réalisation d’investissements pour atteindre une taille d’entreprise plus efficace et moderne. Ces décisions en début de carrière sont très importantes, car elles vont augmenter la dette de l’entreprise pour plusieurs années et vont façonner le modèle d’affaires et la taille de l’entreprise. Il importe, dès cet instant, de bien penser à la prochaine génération qui héritera de ces investissements. Dès le départ, il faut essayer de visualiser quelle sera l’entreprise au moment où vous serez prêt à passer le flambeau à la nouvelle génération. De plus, un plan de match est nécessaire pour répartir les investissements dans le temps.

Transmettre sa passion de l’agriculture

On sait qu’un jeune entrepreneur qui reprend les rênes d’une entreprise agricole doit être habité de la passion de l’agriculture, car son parcours sera parsemé de défis et beaucoup de temps investi. Cette passion se développe au fil du temps, mais bien faut-il que les parents donnent à leurs enfants la chance de s’impliquer. Dès le jeune âge, les enfants peuvent participer aux travaux de la ferme. L’acquisition de responsabilités grandissante doit faire partie du cheminement de ceux-ci. Par la suite, la formation en agriculture s’impose comme assise du projet d’établissement. Il est aussi important d’écouter, d’être ouvert à leurs propositions et de prendre le temps d’analyser avec eux leurs projets. Les parents doivent accepter qu’il existe différentes façons d’atteindre un même objectif. Les producteurs agricoles d’aujourd’hui sont des gestionnaires et la relève doit s’intégrer graduellement afin de prendre de l’expérience non seulement comme ouvrier agricole, mais comme gestionnaire.

Nombreuses sont les entreprises surendettées qui n’ont pas su se conformer aux différentes réglementations ou qui ne se sont pas modernisées. Le transfert de ces entreprises à une nouvelle génération sera difficile, voire même impossible. Bien souvent, elles sont destinées à subir la solution ultime, soit le démantèlement.

Ainsi, il est primordial que le jeune entrepreneur soit en mesure d’être au cœur de la prise de décision afin de tenir un rythme constant pour faire progresser son entreprise dans un modèle d’affaires performant. Tous les choix de l’entrepreneur feront partie de sa planification pour intégrer sa relève. Maintenant, préparez-vous à l’avance et faites que votre passage dans l’entreprise familiale soit bénéfique pour la prochaine génération!

Pierre-Luc Leblanc, agronome
Conseiller en développement bioalimentaire – secteur de la relève agricole et de l’établissement
MAPAQ

Date de diffusion : 2014-04-28
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